jeudi 27 mars 2008

Raven 57: What the hell is going on?

Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais dans une ville. Huh? Mais qu’est-ce que je fais ici? La dernière chose dont je me rappelle, c’est que je m’étais fait attraper par des gardes et que j’allais me faire jeter en prison. Alors qu’est-ce que je fous dans une ville? Et qui sont les deux hommes à côté de moi? Un rourou aux cheveux bleus et un type qui faisait vraiment «gai» avec ses bobettes de cuir et sa calotte assortie.
-Vous êtes qui?
-Très bonne question, m’a répondu celui aux cheveux bleus. Moi c’est Aaris.
-Raven, lui aie-je répondu en lui tendant la main.
Nous avions tous les trois l’air plutôt perdus.
-Hey baby, m’a dit le gars efféminé.
Il a commencé à me reluquer, d’une manière qui ne me plaisait pas du tout. Aaris a eu un élan de protection envers moi et il m’a poussée derrière lui, comme pour me faire un bouclier de son corps. Ça existe des hommes comme ça? Le gars en bobettes de cuir ne s’est pas laissé impressionner par ce geste chevaleresque et il a simplement tassé Aaris pour se placer face à moi, trop près à mon goût.
-Ça te dirait de…
Quoi? Franchement! Voir que je vais dire oui à une proposition comme ça! Aaris semblait aussi scandalisé que moi.

J’ai eu la vie sauve grâce à une petite fille coiffée à la Fifi Brindacier. Elle semblait connaître Bobettes de cuir, car elle l’a appelé Mash et il s’est retourné vers elle. La fillette s’appelait Cara et elle avait… un coffre à outils dans la bouche? Quessé ça? Mash et Cara sont finalement partis et tandis qu’ils s’éloignaient, j’ai perçu quelques bribes de leur conversation. J’ai entendu «école des mages».
-Quoi? C’était un mage? me suis-je exclamée. Je déteste les mages!
-Euh… Moi aussi…
-On devrait aller le tuer!
-Vous êtes sûre?
-Ben oui!
-Juste nous deux?
-Pourquoi pas?
C’est un mage, donc il mérite juste de mourir! Aaris avait aussi de bonnes raisons de détester les mages : il avait aussi été cursé : j’ai vu apparaître des antennes sur sa tête. Mais quel genre de mage curse les gens en leur donnant des antennes d’insectes?

J’ai été distraite de mes plans de meurtre par un autre type bizarre. C’est quoi le problème? J’ai un aimant à weirdos sur moi?
-Miss, please! I must absolutely paint you!
-Euh... Ok...
-You’re the most beautiful thing I have ever seen! Here’s my card!
Sur la carte, c’était écrit «Gutenberg».
-D’accord… Je vais y penser…
-Yes, you do so Miss!
Il est ensuite parti.
-Mais cette ville est remplie de gens fous! me suis-je exclamée.
Au secours. Bon. Où en étais-je? Ah oui! Plans de meurtre pour Bobettes de cuir. Aïe. Mon bras droit me pique. Gratte, gratte. Huh? Mon bras a une drôle de texture. J’y ai jeté un coup d’œil et j’ai vu… Hiii!!! Quessé ça? Qu’est-ce que je fais avec Ifrit au bras?! Je me souviens d’avoir été le voler, mais je n’ai aucun souvenir de l’avoir mis à mon bras!
-Hiii! Ça ne s’enlève pas!
Pourquoi ça ne s’enlève pas? Et comment ça se fait que mon sac à dos est plus pesant? Un rapide coup d’œil m’a permis de constater que mon sac était rempli de pleins de trucs dont je n’avais aucun souvenir d’avoir achetés. Et j’avais aussi beaucoup plus d’argent que la dernière fois où j’avais vérifié. Quand j’aurai un peu plus de temps, je vais regarder exactement tout ce qui est en ma possession. Quant à Aaris, il me regardait comme si j’étais un peu dérangée. Quoi? Tu n’as pas à parler! Toi tu as… Un gant de mage?
-Tu es un putain de mage?!
-Euh…
-Tu es evil! Crève!
-Euh… Je ne suis pas evil
-Tu es un mage, alors tu es evil! Donc, tu dois mourir!
-Euh… Non… Et je déteste les mages aussi…
(C’est ça! Un mage qui déteste les mages! Et pourquoi tu as l’air aussi mal à l’aise?)
-C’est une nouvelle technique des mages? Avoir l’air gentil pour ensuite s’en prendre aux gens?
-Euh…

Non. Qu’est-ce qui se passe dans la rue? Pourquoi est-ce qu’il y a toujours quelqu’un pour m’empêcher de tuer un mage? Dans la rue passait un chariot tiré par des bœufs et duquel provenaient des schmu de tristesse. Aaris a demandé à un passant ce qui se passait. L’homme lui a répondu qu’il s’agissait d’une kelpie (?) et qu’elle était sans doute là pour être emmenée au bordel de luxe.
-Écoute, lui a dit le gars, je sais que tu dois te faire du fun avec ton elfe, mais c’est une kelpie!
Quoi? On n’est pas ensemble! Moi ça m’a révolté qu’il pense qu’on était ensemble, mais Aaris est devenu rouge comme une tomate.
-Bon. Maintenant, je vais te tuer!
-…Est-ce qu’on ne pourrait pas remettre ça à plus tard? Le temps que j’aille sauver la demoiselle?
-Mmmm… Non. Alors, tu préfères qu’on fasse ça ici ou qu’on aille dans la ruelle qui est là-bas?
-Euh… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…

-Monsieur! a crié une petite fille en venant vers Aaris.
Non… Pourquoi tout le monde me dérange? La petite fille était couverte de crasse, mais elle avait l’air mignonne. Et surtout, désespérée.
-Vous êtes un mage? Il faut aider mon ami! C’est un mage aussi!
-Il a quel âge ton ami? lui a demandé Aaris.
-12-13 ans.
Un kid qui souffre? J’ai senti ma fibre maternelle se rallumer. Elle ne l’avait pas été depuis un bon dix ans. Mais je ne devrais pas me sentir concernée. Tout le monde brûle quand je m’approche de trop près. Mais si je ne les suis pas, je perdrai le mage de vue. Mmmm… Je vais les suivre! Quand on aura dealé avec le kid, je tuerai ce mage qui a l’air beaucoup trop gentil. La fillette nous a emmenés jusqu’à sa cachette, en évitant avec soin les gardes.

Leur cachette faisait pitié à voir. Il y avait des boîtes un peu partout et sur un lit plutôt crasseux, sous une couverture un peu sale, était étendu un kid d’une dizaine d’années, qui avait l’air vraiment mal en point.
-Spartan! Spartan! a crié la fillette. J’ai ramené quelqu’un!
-Pas encore un mage, lui a répondu le kid. Les mages ce sont les ennemis.
Le pauvre chou faisait tellement pitié que j’ai voulu faire quelque chose pour lui. Je me suis approchée du lit et j’ai enlevé la couverture et j’ai vu que son corps était couvert de blessures, toutes bandées avec du papier de toilette. Pauvre chou! Je vais t’aider!
-Aïe, a-t-il fait.
-Désolée!
-Vous ne pouvez rien faire, m’a dit Aaris.
-Quoi? Alors tu veux que je le laisse souffrir? T’es vraiment evil!
Il avait plutôt l’air mal à l’aise. Mais arrête d’avoir l’air si innocent! Aaris semblait vouloir aider le jeune Spartan, mais comme il lui a dit, il ne pratiquait la magie que depuis quelques mois.
-Alors tu ne dois pas être trop corrompu, lui a dit Spartan.
-Tu n’en a pas l’air toi non plus, lui a répondu ce dernier.
-C’est sûr qu’il n’est pas corrompu! suis-je intervenue. C’est un kid!
-Vous seriez surprise, dans notre milieu, m’a répondu Aaris.

Je n’étais toujours pas convaincue de l’apparente gentillesse d’Aaris, mais il y avait plus important à faire pour l’instant. Genre changer les bandages de Spartan.
-Vous voulez le faire? m’a dit Aaris.
-…Je ne sais pas comment, mais oui.
-Vous savez ou vous ne savez pas?
-Je sais, mais je ne sais pas comment je sais.
-…
C’est vraiment bizarre. Depuis quand je sais faire des bandages? J’ai changé le plus délicatement du monde les bandages de Spartan. Pauvre kid. Il a l’air de souffrir le martyr. Il a fini par nous révéler qu’il avait utilisé sa magie pour que la fillette et lui puisse échapper aux gardes. Il nous a aussi révélé qu’une femme en blanc (?) lui avait dit qu’il était la réincarnation de l’archimage Garalanger, récemment décédé et elle l’avait envoyé ici pour qu’il étudie. Malheureusement, un imposteur s’était emparé du château, Saladus Snake. Ok…

-Moi c’est Flinch! s’est finalement présentée la fillette.
-Aaris, lui a dit ce dernier.
-Raven, aie-je dit à mon tour en lui tendant la main.
-Raven? a alors dit Spartan, en tentant de se relever.
-Reste couché, lui avons-nous dit.
Il a l’air de me connaître. Bizarre… Ne me regarde pas comme ça Aaris. Je ne le connais pas.
-Vous ne vous souvenez pas? m’a demandé Spartan. Vous m’avez sauvé d’une foule qui voulait me pendre.
-Je ne me souviens pas.
-Tu la connais? lui a demandé Flinch.
-Je t’en avais parlé. C’est l’elfe qui m’a sauvé la vie.
-Tu parles d’une coïncidence!
-Euh…
-Vous êtes une elfe?
-Oui.
-Vous avez les cheveux noirs?
-Oui.
-Et une robe rouge?
-…Oui…
-Et un gant dont vous ne vouliez pas?
-Oui…
Bizarre… Il a vraiment l’air de me connaître. Pourquoi je ne m’en souviens pas?

J’ai veillé sur Spartan pendant qu’Aaris allait parler à Flinch à l’écart. Aaris voulait aller en ville et voulait en profiter pour acheter une jolie robe pour Flinch. J’ai compris les mots «jolie robe» et «pour plaire à Spartan».
-Spartan, tu voudrais que je mette une jolie robe pour toi? lui a-t-elle demandé.
J’ai eu l’impression de voir rougir ses joues. C’est mignon. Un amour de jeunesse.
-Ne me fais pas rire, lui a demandé Spartan, en serrant les côtes, parce qu’il souffrait. Je te l’ai déjà expliqué : Il va te mettre belle pour ensuite abuser de toi!
-Tu sors d’où? lui a demandé Aaris.
-Je suis un pirate!
C’est donc ben cute! Un kid qui veut être un pirate.
-Alors, vous ne vous souvenez pas de moi? m’a-t-il demandé
-Non.
-Vous n’êtes peut-être pas la même Raven. Vous avez une sœur jumelle?
-Non.
-Vous vous êtes fait clonée?
-Non.
-Vous avez fait un voyage dans le temps alors?
-Non, je ne crois pas.
-…
-Mais je suis une elfe. Et j’ai les cheveux noirs. Et j’ai un gant dont je ne veux pas. Et j’ai une robe rouge, quelque part dans mes affaires.
-You must be really beautiful then.
C’est donc ben cute! Un kid qui me dit que je suis belle.
-Euh… Je ne sais pas, c’est possible.
Je ne me suis jamais considérée comme un super canon, mais merci.
Aaris et Flinch allaient maintenant partir.
-Vous…, a commencé Aaris.
-Je reste.
-Vous n’êtes pas obligée, m’a dit Spartan. Je peux dormir seul.
-Et tu vas faire quoi si quelqu’un vient ici?
-Je vais lui lancer mes bandages pleins de sang. Ça devrait faire l’affaire.
-C’est ça! Je reste!

Aaris et Flinch sont partis et je suis restée seule avec Spartan. C’est bizarre… Est-ce qu’il me connaît vraiment? Ça doit, puisqu’il sait ces choses sur moi alors qu’il n’a pas l’air de me voir. Pourquoi je ne me souviens pas de lui alors? Quand il aura l’air d’avoir moins mal, je devrai lui demander des détails sur notre rencontre. Peut-être que ça me donnera des indices sur l’amnésie dont je semble souffrir…

samedi 22 mars 2008

Raven 56: Edward est dans la merde. Nous aussi.

J’ai pleuré dans les bras de Dante jusqu’à ce que je sois épuisée et que le souffle me manque. J’ouvrais la bouche pour prendre des bouffées d’air, mais je semblais être incapable de le faire.
-Ok, je crois que je vais te sortir d’ici, m’a dit Dante.
Il m’a remise debout et tout en me soutenant, il m’a fait sortir.
-Mais… On ne devrait pas chercher l’émeraude? lui aie-je demandé.
-Elle n’est pas là. J’ai regardé pendant que tu pleurais. Une femme de ménage doit l’avoir prise.
-…
(Tu as fait comment pour chercher? Tu me tenais dans tes bras!)
-Yes mistress. I’m coming.
-Huh?
Dante m’a lâchée et comme un zombie, il a commencé à descendre les escaliers. Ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose : quelqu’un le contrôlait avec l’émeraude.

Je l’ai suivi jusqu’au rez-de-chaussée et il m’a menée au bureau de Millénia. Il s’est assis sur une chaise et n’a plus bougé. Il semblait totalement absent.
-Je voulais voir si ça marchait, a dit Millénia.
-Tu lui as fait quoi?
Elle a remis sa main sur l’émeraude.
-Reprend tes esprits, a-t-elle dit à Dante.
-Huh? a-t-il fait en se réveillant.
(Au moins, on n’aura pas à chercher cette foutue pierre.)
-Je suis désolée pour la fillette, m’a dit Millénia. J’ai essayé de la ramener, mais il n’y avait plus rien à ramener, pas même une âme.
-Muuu…
Espoirs anéantis. Je me suis mordue les lèvres pour ne pas me mettre à pleurer. Ni Millénia ni Dante ne semblaient comprendre pourquoi j’étais si décrissée soudainement, mais Dante m’a quand même frotté le dos pour faire passer ma tristesse. Merci, ça a aidé.

-Je pourrais ravoir l’émeraude? aie-je demandé à Millénia.
-Tu vas en faire quoi?
-La redonner à Dante. C’est à lui. Moi je n’en veux pas.
(C’est ce que Fiona aurait voulu, non? Mais si j’étais vraiment méchante, je pourrais m’en servir pour lui faire faire des tas de trucs méchants pour me venger de ce qu’il m’avait fait subir, mais je n’en avais pas envie. Si je laissais la haine et le ressentiment m’envahir à propos de tous ceux qui le méritaient, je finirais par me détruire. En ce qui concerne Dante, beaucoup de temps s’était écoulé. Il pouvait bien faire ce qu’il voulait, ça m’était égal. J’avais l’impression que j’avais à peine de la force pour tenir debout, pour vivre, alors de la force pour me venger? Non, plus maintenant.)
-Très bien.
J’ai poussé l’émeraude vers Dante, qui ne s’est pas fait prier pour la prendre.
-Free at last! s’est-il exclamé.
-Euh... Félicitations.
Je pensais qu’il s’empresserait de partir en disant un truc du genre «So long losers», mais il a plutôt dit qu’il allait venir avec nous sur l’île du sud. Pas parce qu’il avait soudainement envie de se dévouer pour une cause autre que lui-même, mais parce qu’il n’avait rien de mieux à faire. Ok… Si tu veux. Ça ne me faisait ni chaud ni froid, mais tant mieux. On aura besoin de toute l’aide possible.

Maintenant qu’on avait l’émeraude, il ne me restait plus qu’à aller m’enfermer dans ma chambre et attendre l’heure du départ. Millénia devait vraiment en avoir assez qu’on passe notre temps à la déranger et à s’incruster pendant qu’elle travaillait. J’allais faire demi-tour quand j’ai remarqué un tableau accroché au mur qui représentait un paysage plutôt familier. C’était la ville où j’avais rencontré Spartan dans le futur. Muuu… Le titre disait «City of the Seven Keys».
-Pourquoi ça s’appelle «City of the Seven Keys»? aie-je demandé à Millénia.
-Je ne sais pas.
-Ok…
(Tu ne sais pas ou tu ne veux pas me répondre?)
-Est-ce que tu prévois de ramener Spartan de là quand tu reviendras? m’a-t-elle demandé.
-Euh… Je ne sais pas…
(Je dois avouer que je n’y ai jamais pensé.)
-Si je l’ai envoyé là, c’est pour une bonne raison : si je veux qu’il devienne le prochain achimage, il va devoir recevoir un bon training.
-…Moi je suis censée faire quoi? Me promener partout nowhere pendant dix ans?
-Oui.
-Muuu…
-Ou tu pourrais travailler comme servante pour lui?
-…
(Servante…? Ça me permettrait d’être près de lui…)
-Est-ce que c’est important pour toi que le gars ait couché avec pleins de filles avant d’être avec toi?
-…Quoi?
-Est-ce que c’est important pour toi que le gars ait couché avec pleins de filles avant d’être avec toi?
-…Tu parles de quelqu’un en particulier ou…?
-Il va sûrement accumuler beaucoup de tension durant son training. Je suppose que tu sais comment ça marche?
-…Oui… Mais il ne sait pas ce qui s’est passé, alors je ne peux pas lui demander de…
(Ça me brisait le cœur d’imaginer Spartan avec d’autres filles, mais qu’est-ce que je pouvais y faire? Rien. Je ne pourrais rien faire tant qu’il ne serait pas devenu l’homme que j’avais connu et aimé. Seigneur… Ces dix années seraient une véritable torture. Être loin de lui et le savoir dans les bras d’une autre fille. D’autres filles.)
-Tu ferais peut-être mieux de ne plus le voir, m’a dit Millénia.
-T’es méchante!
-Penses-tu que je vais t’encourager à coucher avec un kid de dix ans?
-…Quoi? Non, pas maintenant! Juste dans dix ans!
-Ok.
-…Non… Il en vaut la peine, alors je vais l’attendre.
-Fais attention. Les sentiments peuvent blesser, Raven…
-…
Oui, les sentiments peuvent rendre triste, au point qu’on n’a plus envie de vivre (j’en sais quelque chose), mais ils peuvent aussi apporter du bonheur, beaucoup de bonheur, au-delà de toute description possible. J’en ai assez de me lancer dans des histoires qui finissent toujours par me rendre malheureuse. Là, un homme vraiment génial m’attend au bout du chemin. Ce sera long, ardu et très pénible, mais ça en vaut la peine. I just hope I’m strong enough to get through this.
-Bon... Je crois que je vais aller prendre l’air.
(Avant que tu n’essaies encore de me décourager.)

Sortir dehors m’a fait le plus grand bien. J’allais me diriger vers la ville, mais j’ai vu Dante qui s’en allait vers la shop de Muerte. Comme je n’avais pas envie de tomber sur lui, ou sur qui que ce soit d’autre, j’ai opté pour la plage. Mais j’ai aperçu cet attroupement de personnes (tout le reste du groupe) devant chez Cédric, qui discutaient. Comme mon instinct me disait que je ne jouerais pas si je restais dans mon coin, mes pas m’ont menée vers eux. Comme tout le monde s’est ramassé là, on a décidé d’aller à la taverne pour discuter stratégie. Même Dante s’est joint à nous (il s’était arrêté chez Muerte pour acheter une petite pochette de cuir pour mettre l’émeraude). Cédric n’était pas trop d’accord à sa présence, mais Dante lui a dit qu’il venait avec nous et que c’était à moi de décider.
-Euh… Pourquoi moi? Je m’en fous… Ça nous fera un combattant de plus.
(Dans notre situation, on ne peut pas se permettre de faire les difficiles.)

En résumé, c’est que nous étions en guerre et qu’il s’agissait probablement de notre dernier repas. Euh… On peut être positif s’il vous plaît? Une fois partis pour le «repère de Xélotha», nos objectifs allaient être de récolter de l’information, détruire ses armées, ses lieutenants et ses ressources (le red steel). Je comprenais maintenant le principe de «dernier repas» : une fois partis, nous n’aurions plus l’occasion de nous amuser. Quand j’ai proposé d’accompagner le souper avec du bleurk, seule Lotus m’a approuvée. Quoi? Ce n’est pas parce qu’à chaque fois qu’on boit du bleurk qu’un gars se retrouve à poil attaché au mat du bateau que ça va encore arriver! Bon, ok. Il faut se lever tôt demain, alors ce n’est peut-être pas une bonne idée. Même sans bleurk, la soirée a été plutôt mouvementée. Nous avons reçu une visite éclair d’En, qui apportait à Nico un gros paquet cadeau. Dans la boîte, il y avait Ghost, l’elfe aveugle en armure qui avait failli me tuer.
-Je ne suis pas d’accord, s’est opposé Dante, en le voyant. C’est lui qui a failli tuer Raven! Et c’est à cause de lui que Fiona est morte!
(…Dis-moi, depuis quand te soucies-tu d’une autre personne que toi-même?)
-Il était possédé, lui a dit Cédric.
(Et c’est pour cette raison que je n’arrive pas à le détester. Comme je l’ai déjà dit, si j’avais aussi été torturée pendant des années, dieu sait ce que j’aurais fait.)

Notre soirée a été troublée par autre chose, de plus dramatique. Nico a communiqué avec Saya, pour savoir où elle était. Elle lui a dit qu’elle était déjà sur l’île et qu’elle nous attendait. Et aussi qu’Edward s’était mis dans la merde. En lui parlant, Nico a eu une vision : Nous étions tous réunis autour de Saï, qui portait mon gant (?). Dante a réduit son émeraude et il l’a mise dans le bout de gant qui manquait. Il y a ensuite une explosion et… Je vous laisse deviner ce qui est advenu de Saï. Spartan m’avait dit que c’était par le sacrifice d’un dieu qu’ils avaient détruit Xélotha, mais j’avais complètement oublié. Pauvre Kazumi… Je ne pense pas qu’il y ait de mots pour décrire à quel point elle avait l’air décrissée de la vie. Je le serais aussi, si on me disait que le sacrifice de mon enfant pourrait sauver le monde. Pauvre chouette… Je t’ai beaucoup détestée pendant un moment, mais jamais je n’aurais fait de mal à ton fils pour me venger de toi. Kazumi a bien entendu décidé de ne pas emmener Saï avec nous, pour ne pas prendre de chance.

Nous avons passé une bonne partie de la soirée (et de la nuit) à discuter de choses et d’autres. L’heure était très avancée, quand j’ai fait remarquer qu’on devrait peut-être aller se coucher, comme on devait se lever très tôt.
-Vous voulez que je vous raccompagne? m’a demandé Cédric.
-Ça va aller, ce n’est pas loin, lui aie-je répondu.
-Je vais m’en occuper, est intervenu Dante.
-…
(J’aurais très bien pu me débrouiller toute seule, mais fais donc ce que tu veux. Je m’en fous.)
Je suis donc retournée chez Millénia avec Dante.
-Tu devrais peut-être aller dans une autre chambre, m’a-t-il dit quand nous sommes arrivés.
-…J’ai déjà ma propre chambre.
Il devait penser que je dormais dans la chambre où Fiona… où Fiona était… Non, j’ai ma chambre à moi. Mais ça ne m’a pas empêchée d’aller dans la chambre de Fiona dès que j’ai été en pyjama. Je n’avais pas pu lui dire au revoir, ni lui dire que je l’aimais vraiment beaucoup. Alors je voulais essayer d’être près d’elle, même si elle n’était plus là. Mais ça ne donnait sans doute rien. Millénia avait bien dit qu’il ne restait plus aucune trace d’elle, pas même son âme. J’ai passé les quelques heures que j’aurais dû utiliser pour dormir à me retourner d’un côté et de l’autre. J’ai dû me rendre à l’évidence que je ne réussirais pas à dormir. Jusqu’à ce que le soleil se lève, j’ai donc rassemblé toutes les affaires de Fiona et je les ai apportées dans ma chambre. Comme ça j’aurais juste à ouvrir mon garde-robe pour les regarder et je n’aurais pas à me déplacer jusqu’ici et voir la… tache de brûlé à chaque fois. Je suppose que j’aurais dû me défaire de tout, mais j’en étais incapable. Un jour peut-être, mais pas maintenant.

J’ai juste gardé avec moi quelques gugusses à cheveux et quelques bijoux que j’avais voulu lui offrir. Je voulais avoir quelque chose qui me la rappelle en permanence. C’était peut-être du masochisme envers moi-même, mais je voulais la garder près de mon cœur. Je me suis changée et je suis descendue à la cuisine pour manger. Je n’ai réussi qu’à avaler quelques bouchées de trucs dont je ne me rappelle même pas et qui ne goûtaient rien, mais je suppose que c’était mieux que rien. Je me suis rendue jusqu’au port où j’ai attendu les autres. Quand tout le monde fut arrivé, nous avons embarqué sur le bateau du capitaine Jack et nous nous sommes mis en route. Nous en avons eu pour cinq jours de voyage, qui m’ont paru comme une éternité. J’avais très hâte de revoir Spartan, mais j’appréhendais ce que nous allions trouver.

Nous avons été accueillis par les Black Dragons, l’armée d’Edward (?). Ce dernier et sa cousine (?) étaient partis vers la ville depuis une semaine et n’avaient toujours pas donné signe de vie. Ce n’était pas bon signe, surtout que les éclaireurs qui y avaient été envoyés auparavant étaient tous revenus au bout de deux semaines avec de pas si légers que ça trous de mémoire. Ils se souvenaient seulement de s’être dirigés vers la ville, mais pas d’y être entrés. La ville… Excepté pour ce gros nuage rouge qui flottait au-dessus, elle ressemblait tant à celle que j’avais connue. Et dire que Spartan se trouve quelque part au-delà de ses murs… J’avais tellement envie d’y courir et de partir à sa recherche, mais ça n’aurait pas été brillant du tout. Surtout que Nico nous a dit que quand il mettait son casque, il ne voyait plus la ville. C’était très étrange, mais nous n’avions pas le choix d’y aller, pour retrouver Edward et faire nos recherches. Cédric et Kazumi ne voulaient pas que tout le monde y parte et c’était tout à fait compréhensible. J’ai tout d’abord été laissée de côté et je me suis retrouvée à la tête des cinq hommes les plus rapides de l’armée.
-Euh… Je ne veux pas diriger.
(Je ne suis pas une leader moi.)
-Ce n’est pas le temps de ne pas vouloir, m’a dit Kazumi. Il faut le faire.
-Ok…
Quant à ces cinq hommes, ils étaient comme les quatre frères Dalton, sauf qu’ils étaient cinq, qu’ils n’étaient pas habillés en noir et jaune et que le plus petit ne passait pas son temps à dire «je déteste Lucky Luke». Vous me suivez? Et comme plusieurs hommes que nous avons rencontrés dernièrement (le Père Noël, Mash), il y en a un qui m’a fait de l’œil. Mais arrêtez donc de me regarder comme si j’étais une pièce de viande!

Kazumi a finalement décidé que je viendrais aussi, car elle voulait des gens avec plusieurs compétences. Comme ça, on ne serait pas pris au dépourvu. Yes!! Je ne crois pas que j’aurais supporté de rester derrière, avec Spartan si près. Je suis désolée, mais je me serais sans doute glissée en ville subtilement derrière eux. Kazumi, Cédric, Mash et moi sommes finalement partis en direction de la ville. Dante? Il n’avait pas voulu nous attendre et était parti pendant que nous discutions. Nous l’avions vu s’approcher, puis il avait disparu. Bizarre… Mais je suppose qu’on le retrouvera tout simplement une fois qu’on sera entrés aussi. Nous nous sommes donc approchés plus près, encore plus près… Nous avons traversé le brouillard qui semblait entourer la ville et… Je ne sais pas parce que la game s’est terminée et que le temps s’est figé. Tout ce que je sais, c’est qu’aucun de nous n’a absolument aucune idée de ce vers quoi nous nous dirigeons. So, really big shit ahead.

mercredi 5 mars 2008

Raven 55: Je me suis conduite comme une catin


Dante et moi étions plutôt pressés d’aller péter la gueule à l’elfe qui était responsable de la mort de Fiona, alors nous sommes descendus les premiers. Après quelques autres secousses, le sol a finalement arrêté de trembler. Quand nous sommes arrivés en bas, tout ce qu’il y avait c’était un gigantesque trou dans le sol. Nous sommes allés y jeter un coup d’œil. À peine me suis-je demandé à haute voix ce qui avait bien pu se passer ici que j’ai senti une présence derrière moi. Je me suis retournée et j’ai vu l’elfe. Il avait les cheveux blancs et ses yeux tout aussi blancs ne laissaient passer aucun doute quant au fait qu’il était aveugle. Il lui manquait son avant-bras droit et du sang coulait abondamment de sa blessure.
-On devrait mettre fin à ses souffrances, aie-je dit à Dante.
L’elfe aveugle a aussitôt sorti une arme de dieu sait où et il s’est élancé vers moi. Dante a bloqué le coup avant qu’il m’atteigne.
-C’est lui qui a déclenché les hostilités! me suis-je exclamée. Tant pis!

J’ai sorti mon arbalète et nous l’avons attaqué. Le reste du groupe s’est joint à nous peu après et nous l’avons salement amoché. En et Nico ont fini par sortir du trou et ils ont mis fin au combat. Nous avons appris que Nico avait remplacé l’image du mage qui avait engagé l’elfe par la sienne. Nico était donc maintenant le maître de l’elfe. Ça va être beau ça… Autre nouvelle un peu moins drôle : il était maintenant certain que l’elfe allait venir avec nous. Inutile de dire que ça n’a pas fait l’affaire de Dante, qui avait toujours aussi envie de le tuer, comme il était responsable de la mort de Fiona. Moi, quand j’ai appris que des mages avait fait pleins d’expériences sur lui pendant des années, j’ai eu pitié de lui. Si j’avais été torturée pendant des années, qui sait si je n’aurais pas fait la même chose que lui? Peut-être que je ne devrais pas passer l’éponge aussi rapidement, je ne sais pas… Mais ce que je sais, c’est que je n’ai plus la force pour haïr tout le monde que je devrais haïr autour de moi. Je suis si fatiguée. Comme Cédric a dit, tout le monde ici a été possédé au moins une fois et a tué des gens, alors qui sommes-nous pour lui en vouloir?
-Moi aussi? a demandé Dante.
-Non, lui aie-je répondu. Toi tu n’as pas besoin d’être possédé pour tuer des gens!

Même si je n’arrivais pas à en vouloir totalement à l’elfe, j’étais tout de même un peu déçue de ne pas avoir pu lui péter la gueule. Ça m’aurait fait du bien de me défouler sur quelqu’un.
-You want to have hungry sex to make you feel better? m’a alors demandé Dante.
-... ...Quoi?
(Quessé ç ace genre de proposition-là?)
-Never mind then! m’a-t-il répondu.
-Dans ce cas-là, m’a chuchoté Cédric, vous lui dites : oui, mais pas avec toi!
J’ai trouvé sa remarque tellement drôle que j’en ai ri à en avoir mal au ventre.
-Je t’aime Cédric!
(J’aimerais que tous mes amis soient aussi evil que toi.)

En est ensuite parti dans un autre de ses laboratoires avec l’elfe et Cédric est parti avec lui. Nous avons tous attendu et quand il est revenu, il nous a dit que nous devions partir le plus tôt possible. Nous avons convenu de nous retrouver dans le hall d’entrée du château d’ici une heure. Chacun partant de son côté, je suis allée dans ma chambre pour récupérer les restant de mes affaires, ou plutôt pour ramasser les choses que j’avais achetées pour Fiona. J’ai évité de les regarder pour ne pas me mettre à pleurer, alors j’ai tout jeté pêle-mêle dans les sacs. Le temps des larmes viendrait bien asses tôt. J’ai rejoint tout le monde et nous avons attendu Cédric et Ermalaïonne qui tardaient… beaucoup. Vraiment beaucoup.
-Ils doivent… être en train de préparer leurs bagages, a dit Théodore.
-…En effet, aie-je approuvé.
-I think they’re doing reproduction! s’est exclamée Lotus.
-...
(Probablement)

Au bout de deux heures et demie à les attendre, nous avons décidé de prendre de l’avance et nous sommes partis au port. Quand ils auront fini de… faire leurs bagages, ils nous rejoindront. Nous avons trouvé le capitaine Jack en train de jeter par-dessus bord des hommes qui voulaient modifier son bateau pour qu’il soit dans les normes. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le capitaine n’est pas du genre à se laisser faire. Rappelez-moi de ne jamais m’opposer à lui. Quand il nous a vus, il nous a fait monter sur le pont et il a offert un tonneau de bleurk à Lotus en guise de cadeau de mariage. Mmmm… Du bleurk… Il m’est venu à l’esprit d’essayer de le voler à Lotus, mais elle l’a serré si possessivement contre elle, que mon geste m’aurait sans doute coûté la vie. Cédric et Ermalaïonne ont fini par arriver, accompagnés de Mash et de Cara.
-C’était long! leur a dit Lotus.
-Désolé, s’est excusé Cédric. On… a aidé Mash à chercher ses culottes de cuir.
(That’s such a lame excuse.)
Lotus ne s’est bien entendu pas gênée pour dire qu’elle croyait qu’ils étaient en train de faire de la reproduction. Je crois que je me suis sentie aussi gênée que Cédric lui-même.

Les nouveaux mariés se sont fait attribuer la cabine du capitaine et nous avons quant à nous eu des hamacs. Je suis allée porter mes affaires près d’un hamac et je suis retournée sur le pont. Lotus s’était laissée convaincre de partager son bleurk et elle choisissait les gens qui pourraient faire partie du «cercle du bleurk» comme on choisissait les membres d’une équipe lors d’un jeu.
-Pick me! Pick me! me suis-je exclamée en lui faisant de grands gestes.
-Je choisi l’elfe! m’a-t-elle répondu.
-Wouhou!
En tout et pour tout, il y avait Lotus, Théodore, Cara, Mash, Mierta, Nico et moi dans le cercle sacré du bleurk. Dante semblait avoir disparu de la surface de la terre. Ça va juste faire plus de bleurk pour moi! Kazumi n’était pas avec nous pour que le trio infernal soit complet, mais ça ne nous a pas empêché Lotus et moi de nous déchaîner. Il était temps de passer à l’action.
-Lotus, qui va être notre victime ce soir? lui aie-je demandé.
-Mmmm…

Nous aurions pu nous en prendre à Nico, car il a osé commettre l’offense ultime : dire que le bleurk c’était dégueulasse. Vengeance!
-Il y a Mash, nous a-t-il suggéré.
-…C’est vrai! Mash est un obsédé! Aie-je dit à Lotus. Il a essayé de m’arracher ma robe!
-C’était une joke, a-t-il tenté de se défendre.
Ce fut peine perdue : Lotus et moi lui avons sauté dessus et… il a subi un bien triste sort, une combinaison de ce qu’Edward et Merek ont subi : il s’est retrouvé pendu la tête par en bas et sans plus aucun vêtement sur le dos. Mais je jure que la carotte, ce n’était pas mon idée!
-Pourquoi vous ne cherchez pas Dante? nous a suggéré Mash.
-…C’est vrai ça! aie-je approuvé. Dante n’est pas là. Tu veux m’aider à le trouver Lotus!
-D’accord! m’a-t-elle répondu. Je vais essayer de le sniffer!
Après quelques essais, elle a dû se rendre à l’évidence que son odorat n’était pas assez développé pour trouver Dante. Nous nous sommes donc mises à sa recherche, mais ni l’une ni l’autre ne l’avons trouvé, même en nous promenant d’un bout à l’autre du bateau.

Lotus a déclaré forfait et est allée se coucher dans les bras de son rourou. Moi, je m’ennuyais un peu. Je suppose que j’aurais pu rejoindre Mierta et jouer à piñata avec Mash, mais j’aurais bien eu envie d’embêter Dante. Aussi, quand j’ai vu Nico partir discrètement pour les cales, j’ai eu des soupçons et j’ai décidé de le suivre subtilement. L’alcool aidant, j’ai bêché dans les escaliers, mais en atterrissant sur le sol, je me suis caché dans l’ombre. Nico ne me voyant nulle part a continué son chemin. Je l’ai suivi à quatre pattes et j’ai fini par arriver jusqu’à Dante, qui buvait je ne sais pas quelle boisson, caché entre deux tonneaux. Avec seulement mes yeux et le bout de mes oreilles dépassant de mon tonneau, je les ai espionnés quelques instants. Dante buvait de la Jojo Black Label 57 et Nico avait du vin elfique. Quand Dante y a goûté, il ne s’est pas gêné pour dire que c’était dégueulasse.
-Ce n’est pas vrai! aie-je protesté de ma cachette.
(Pourquoi il faut que tu critiques ce qui est elfique?)
-Ah Raven, a dit Dante.
-…
Oups. Je crois qu’ils m’ont découvert.

Ils m’ont proposé de me joindre à eux, mais est-ce que j’ai vraiment envie de boire en compagnie d’un homme qui n’arrête pas de passer des commentaires négatifs sur les elfes?)
-Allez, viens Raven, m’a demandé Dante. Tu sais que ta compagnie est toujours agréable!
-(Huh?) Euh… Ok.
Je suis allée m’assoir près d’eux, mais j’ai malheureusement fini ma bouteille de bleurk (qui avait miraculeusement survécu à ma chute dans les escaliers) en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Zut. Dante ma suggéré d’aller en reprendre dans le tonneau de Lotus. Ça c’est une idée.
-Tu veux du vin? m’a proposé Nico, en me tendant sa bouteille.
Ce n’est pas du bleurk, mais ça fera l’affaire.
-Ok!
Mmmm… Ça fait l’affaire.
-C’est de la pisse elfique, a dit Dante.
-C’est vrai, a approuvé Nico. Puisque je suis un elfe et que j’ai pissé dedans.
J’ai failli m’étouffer et je lui ai redonné la bouteille.
-C’était une joke, m’a-t-il dit.
-…Ok…
J’ai une idée! Avant que Nico ne reprenne sa bouteille, je l’ai reviré à l’envers pour qu’elle se vide.
-Hé! a-t-il protesté.
-Voilà! Maintenant, j’ai deux bouteilles pour mettre du bleurk! Je reviens!

J’ai réussi de peine et de misère à retourner sur le pont. Lotus étant dans le coma, je n’ai pas eu de problème à remplir mes bouteilles. Quand je suis retournée dans la cale, j’ai capté les derniers bouts d’une conversation comprenant les mots elfe, couple et Nico et moi.
-De quoi vous parlez? leur aie-je demandé en me rassoyant.
-Je disais que comme vous étiez deux elfes, vous feriez un beau couple.
Nico n’avait pas plus l’air d’accord que moi sur ce sujet. Ce n’est pas parce qu’on est deux elfes qu’on va faire un beau couple. J’ai vécu mes plus grandes histoires d’amour avec des humains.
-Quelqu’un t’intéresse peut-être? Dante a-t-il demandé à Nico. Mmmm… Quelqu’un aux cheveux mauves…? Désolé, je suis déjà pris!
-…
Je ne pense pas que Nico ait jamais pensé à toi de cette façon. Et pourquoi tu dis que tu es déjà pris? Et est-ce que j’ai halluciné que tu me jetais un coup d’œil en disant ça? Tu es bizarre Dante.
-Moi je pense que vous deux, vous feriez un beau couple, a alors dit Nico.
-…Quoi? Qu’est-ce que tu racontes là? lui aie-je demandé.
-Le bateau a coulé, lui a dit Dante. Il a été détruit et enterré.
-Mais il peut être reconstruit, a insisté Nico. Tu n’as jamais entendu l’expression «tourner la page»?
-Pourquoi on parle de papier et de bateau? leur aie-je demandé.
(C’est quoi le rapport entre un couple, du papier et un bateau?)
-Je pense que tu le sais, m’a dit Nico, et que tu me fais marcher.
-Non.
-Vous faisiez un beau couple et vous faites toujours un beau couple, a-t-il redit.
-…Quoi? Ça c’est aussi idiot que quand Dante m’a dit «Je suis une flamme, tu es une elfe. Ça ne peut pas marcher».
-Justement! a persisté Nico. Il est une flamme, toi tu fais du feu… Vous êtes parfaits pour être ensemble!

…Quoi? Mais dans quel monde tu vis? Tu étais où quand il m’a traitée comme une moins-que-rien? Quand il m’a trompée et qu’il m’a brisé le cœur encore et encore? Je ne sais pas pourquoi, mais Nico était vraiment persuadé que Dante et moi ferions un beau p’tit couple. Euh, non. La discussion a tourné autour de ça et ça a rapidement dégénéré. Le sujet est d’abord passé de «couple» à «sexe» et j’ai été horriblement gênée quand Nico est allé jeter un coup d’œil dans ma tête pour voir ce que Dante et moi avions fait au lit.
-Tu n’as pas fait ça? m’a-t-il demandé. Et dans cette position-là?
Sans avoir de miroir, je savais que je devais être rouge tomate.
-Tu avais dit que tu n’en parlerais à personne! aie-je reproché à Dante.
-Je n’en ai pas parlé!
En parler et suggérer à Nico d’aller voir dans ma tête, c’est la même chose!

Nico semblait croire, tout comme Dante, que les femmes elfes étaient complètement folles (en tout cas, au moins que moi je l’étais) et qu’elles faisaient des sacs en macramé tout en dansant toutes nues à la pleine lune. Je n’ai pas réussi à leur faire changer d’avis pour la folie et j’ai dû leur répéter quatre ou cinq fois que je ne faisais pas de sacs en macramé ou que je dansais toute nue les soirs de pleine lune. Franchement! Qui est assez idiot pour croire ça? Et puis c’est quoi le rapport entre elfe et sac en macramé et elfe et danser tout nu?
-Je suis comme toutes les autres femmes! leur aie-je sans cesse répété.
Nous, les elfes, nous sommes vraiment incomprises!

Éventuellement, après avoir redit à quel point il pensait que Dante et moi ferions un beau couple, Nico est parti. Enfin. J’en avais assez d’entendre ces conneries. Je suis donc restée seule avec Dante, sa bouteille de Jojo Black Label 57 et de mes deux bouteilles de bleurk qui… étaient déjà vides? Merde.
-Il y a autre chose à boire ici? aie-je demandé à Dante.
-Du jus de prune.
-…Non. Bon… Je pense que je vais devoir remonter en haut pour chercher du bleurk.
Cette perspective ne m’enchantait pas trop, car je n’étais pas sûre d’être capable de faire l’aller-retour sans problème. Dante m’a montré sa bouteille de bière.
-Mais je ne pense pas que tu sois capable de supporter ça, m’a-t-il dit.
-…J’ai combien de bouteilles de bleurk dans le corps?
Je me sentais insultée qu’il insinue que je ne serais pas capable de supporter sa boisson.
-Si tu le dis, a-t-il concédé.
J’ai saisi sa bouteille et j’ai pris une gorgée à même le goulot.
-C’est dégueulasse.
Ça goûtait… une combinaison de tout un tas de trucs dégueus. Ça a passé, mais ew. Au moins ce n’est pas du jus de prune et je n’ai pas eu à me déplacer pour l’avoir.


-Alors Raven, tu n’arrêtes pas de dire que tu es comme les autres femmes. Enlève donc ta robe pour que je vérifie!
(En fait, c’est un top et une jupe que je porte, mais… quoi? Pourquoi tu veux que j’enlève mes vêtements?)
-…Quoi?
-Enlève ta robe que je vérifie si tu es comme les autres femmes.
Cette fois-ci, je n’ai même pas pris la peine de réfléchir. Il veut que j’enlève mon linge? Pourquoi pas? J’ai commencé à me déshabiller avant la fin de sa phrase.
-C’est déjà fait! lui aie-je dit. À ton tour maintenant!
-..Pourquoi pas? Tu m’as vu au bar de danseuses de toute façon!
En moins de deux, il s’est aussi retrouvé complètement nu.

C’est vraiment bizarre comme situation. Je suis en train de boire un truc vraiment dégueu dans la cale d’un bateau, assise en face de Dante et tous les deux nous sommes flambant nus. Et ça ne me dérange pas du tout! Je crois que ça me fait juste besoin de me retrouver près de quelqu’un, quelque soit les circonstances. Je me sens si seule ces temps-ci.
-Viens t’assoir à côté de moi Raven, m’a demandé Dante.
-…Ok!
J’ai quitté ma place pour aller m’assoir à côté de lui sur la caisse où il était. Dès que j’ai posé mes fesses sur le bois, il a passé son bras autour de ma taille pour me rapprocher de lui. Euh… Ce n’est pas un peu proche? Enfin… Je veux dire… J’ai vraiment besoin d’être proche de quelqu’un en ce moment, j’ai besoin d’affection, mais ça… Ce n’est pas un peu trop? Ça ne me dérange pas d’être assise à côté de Dante, mais en même temps, ça me gêne. Je ne sais plus… Je ne savais plus quoi penser, mais Dante, lui, semblait savoir exactement ce qu’il voulait. Sa main a quitté ma taille et je l’ai sentie remonter jusqu’à mon cou. De là, elle est descendue tranquillement, s’attardant en des endroits bien précis, comme si Dante se rappelait très exactement quels étaient mes points sensibles : à la base de mon cou, sous mon omoplate, le bas de mon dos….
-Qu’est-ce que tu fais Dante? lui aie-je demandé, plutôt étonnée par ses avances. Ça chatouille…
-Je vérifie que ta peau est aussi douce que celle d’une humaine…
-…

Il a continué à me caresser et plus sa main descendait, plus je frissonnais. Pourquoi je le laisse faire? J’ai tellement envie, besoin, de contacts humains que ça ne me dérange pas vraiment que ce soit Dante qui me les procure. D’accord, ce n’est pas exactement ce que j’avais imaginé, mais ça me donne quand même l’impression de ne plus être seule. J’en ai assez d’être seule et de souffrir. Tout ce que je voudrais, c’est oublier cette souffrance qui me ronge le cœur. Et en ce moment, d’être si près de Dante, de le laisser me toucher de cette façon, je n’y pense plus du tout. Quand il a atteint le bas de mon dos, au lieu de remonter, il a pris une de mes fesses et l’a caressée.
-Oui, a-t-il dit, une petite fesse bien ronde…
Le geste m’a fait sursauter. Je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à me tripoter de cette façon.
-Euh, Dante…
Quand je l’ai regardé pour qu’il me donne des explications, il s’est penché vers moi et il m’a embrassée. Je ne m’attendais pas du tout à me faire frencher par lui, mais moins d’une seconde après que ses lèvres se soient posées sur les miennes, je me suis retrouvée sur ses genoux à répondre à son baiser. Il était si doux avec moi que je me suis désespérément accrochée à lui. Oui… J’ai besoin de douceur dans ma vie. J’ai besoin de douceur pour que toute la douleur s’efface. S’il te plaît Dante, fais-moi oublier…

Une de ses mains étant autour de ma taille, l’autre est descendue de mon visage, à mon cou, puis il a caressé mes seins l’un après l’autre, me faisant gémir. Continue… Il a descendu sur mon ventre, puis ma cuisse jusqu’au genou. Il est ensuite remonté vers l’intérieur de ma jambe plus haut, toujours plus haut… Plus il montait et plus mes doigts s’enfonçaient dans ses épaules. Vas-y, continue… Au moment où je pensais qu’il allait atteindre le creux de mes cuisses…
-L’homme qui va être avec toi est très chanceux, m’a-t-il dit, s’interrompant brusquement.
-…Quoi?
-L’homme que tu attends dans dix ans peut vraiment être fier de son elfe.
-…Quoi?
Il ne m’a pas laissé le temps de comprendre de quoi il parlait. Il m’a doucement remise sur mes pieds et il est allé se rhabiller. Quoi? Il est en train de me crisser là? Ça ne se passera pas comme ça! Il a fini de s’habiller et il s’est dirigé vers les escaliers, sans un regard en arrière. Il est vraiment en train de me crisser là? Je lui ai couru après et j’ai exigé des explications. Pourquoi commencer quelque chose pour s’arrêter aussi brusquement? À quoi ça servait qu’il m’embrasse et me caresse de cette façon s’il n’avait pas l’intention de continuer? Il m’allume de façon plutôt intense et il croit que je vais le laisser partir? Pas question! Moi je veux continuer!

Lui ne semblait plus en avoir envie du tout. Il a dit que j’avais trop bu, que j’avais les nerfs très à fleur de peau en ce moment et que ce n’était pas une bonne idée.
-De toute façon, c’est ton gars dans le futur que tu aimes, non?
-Euh…
(Je ne sais pas ce que je ressens pour Spartan. Tout s’est passé si rapidement. J’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu et je me sentais si bien avec lui. Être amoureuse de lui? Peut-être, sans doute. Est-ce possible de tomber amoureux de quelqu’un en un instant?)
-Dis-moi que tu m’aimes, m’a-t-il demandé, et sois convaincante.
(Quoi? Pourquoi tu me poses une question pareille? Tu ne m’aimes pas alors pourquoi voudrais-tu que je te dise que je t’aime? Je ne suis plus amoureuse de toi de toute façon. J’admets qu’une partie de moi ne t’oubliera jamais, je t’ai vraiment aimé de tout mon cœur après tout. Mais c’est tout ce que tu es pour moi désormais, un souvenir. Un souvenir teinté de petits instants de bonheur et de beaucoup d’instants de douleur. Mais bon. S’il faut que je te dise que je t’aime pour que tu restes.)
-…Je t’aime.

J’ai vraiment eu l’impression d’être hyper convaincante, mais ça n’a pas suffi à Dante. Mais c’était quoi le rapport avec l’amour de toute façon? Moi, tout ce que je voulais, c’était recevoir un peu d’affection et oublier à quel point je me sentais mal. Toi, tu devais vouloir… une bonne partie de jambes en l’air? Je ne vois pas d’autres raisons, alors pourquoi t’es-tu arrêté en si bon chemin?
-Ce n’est pas obligé d’avoir de sentiments entre nous deux, lui aie-je dit. Je veux dire, on s’est toujours bien entendus côté sexe.
-C'est vrai.
Même si Dante était d’accord avec moi, il n’avait toujours pas envie de reprendre ce qu’il avait interrompu. J’ai encore une fois essayé de le retenir, mais comme les mots n’avaient pas marché, le langage du corps fonctionnerait peut-être. Je l’ai embrassé, mais comme il restait de marbre, j’ai fait descendre ma main le long de son torse, mais il m’a arrêtée quand je suis arrivée au niveau de sa ceinture, saisissant mon poignet entre sa main.
-Tu ferais mieux d’arrêter, m’a-t-il dit, d’un ton ferme.
-…
Je l’ai regardé sans comprendre. Pourquoi tu as commencé si tu ne voulais pas finir? Dis-moi au moins pourquoi.
-Désolé. Tu es cute l’elfe, mais pas si cute que ça.
-…

Il m’a lâchée et il est parti, définitivement. Je n’ai pas essayé de le retenir, car je savais que ça ne donnerait rien. Je suis restée plantée au milieu de la cale, toute nue, mon cerveau tentant d’analyser ce qui venait de se passer. Bon. Je pense qu’il ne me reste plus qu’à aller me coucher dans mon hamac. J’ai retrouvé mes vêtements et je les ai remis à peu près sans problème, mais quand j’ai voulu monter les escaliers, la tête a commencé à me tourner dangereusement. J’ai su que je ne réussirais jamais à partir sans risquer une commotion cérébrale. Je me suis donc mise à la recherche d’un endroit confortable. Enfin, d’un endroit qui serait moins pire que les autres. J’ai trouvé une couverture abandonnée et je m’en suis enveloppée avant de me coucher en petite boule dans un coin.

Dès que ma tête a touché le sol, je me suis endormie. Pour me faire réveiller par quelqu’un qui criait.
-Terre! Terre en vue!
Non… Ta gueule… Achevez-le quelqu’un… Une minute… Terre en vue? Ça veut dire qu’on arrive à l’île. Muuu… Je n’avais pas envie de d’aller voir mais je n’avais pas le choix. Quand je me suis… quand j’ai essayé de me lever, j’ai senti un énorme mal de tête m’assaillir. Ow… Je suis donc restée assise pour laisser le tournis passer. J’ai pris le temps de regarder autour de moi. Je suis où…? C’est la cale, ça? Qu’est-ce que je fais ici? Mon esprit était tout embrouillé, alors j’ai fermé les yeux pour m’aider à réfléchir. Je n’ai pas réussi à former d’images claires dans ma tête, mais j’ai eu des flashes. Je crois que Nico était là, mais il est parti. Je suis restée avec… Dante. Oui, Dante était là. Ensuite… Ensuite… Oh mon dieu… Est-ce que je me suis vraiment retrouvée toute nue sur ses genoux? Et il était nu lui aussi? C’est arrivé comment? Est-ce qu’on a couché ensemble? Non. Sinon je ne serais pas habillée. Qu’est-ce qui s’est passé alors?

En réfléchissant, des sensations me sont revenues : des lèvres sur les miennes, des mains me caressant… Des gémissements… Les miens… Seigneur… J’ai laissé Dante me faire tout ça? Je l’ai imaginé peut-être? Non. Les sensations sont beaucoup trop réelles pour que j’aie imaginé tout ça. Je n’aurais jamais imaginé ça de toute façon. Après… Qu’est-ce qui s’est passé après? J’étais assise sur lui et… et… Il m’a crissée là? Je me souviens. Il a brusquement arrêté et il est parti. T’es cute l’elfe, mais pas si cute que ça. J’ai vraiment été trop conne. Comment j’ai pu ne pas me rendre compte de ce qu’il avait en tête? Il s’est royalement foutu de ma gueule. J’avais juste besoin d’être près de quelqu’un. Il n’a pas eu de difficulté à s’en rendre compte et il s’en est servi pour me faire croire qu’il était près à me consoler. Il ne cherchait qu’à se moquer de moi. C’était écrit gros comme ça, mais je ne l’ai pas vu. J’ai plutôt marché dans son piège la tête la première. Et comble de la honte, j’ai voulu l’empêcher de partir en me frottant dessus. Je me suis conduite comme une cruche. Non. Je me suis conduite comme une catin, buvant comme une défoncée et tombant dans les bras du premier homme avec qui je me suis retrouvée seule. Je voulais du réconfort et je me suis retrouvé prête à écarter mes jambes pour le premier venu. Et tout ça pourquoi? Pour rien. Pour un homme qui ne voulait pas de moi et qui me considère comme un laideron. Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée. J’ai honte de moi. Je crois que plus jamais je n’oserai me regarder dans un miroir.

Seul point positif, je n’aurai pas à endurer Dante et ses remarques gênantes à propos de ce qui s’est passé bien longtemps. Dès que je lui redonnerai l’émeraude, il partira loin d’ici et je pourrai alors peut-être espérer me remettre de cette cuisante humiliation. Ça ne servait à rien que je reste ici à ruminer tout ça, sinon je me rendrais folle. Il faut que j’aille affronter le retour à la maison et toute la douleur qui en découlera. Je me suis levée et j’ai aussitôt failli retomber. Ma jupe était remontée seulement jusqu’à mes genoux et un coup d’œil plus haut m’a permis de constater que j’avais remis ma culotte et mon top à l’envers. Et c’était sans compter ma brassière qui traînait toujours par terre. J’ai remis de l’ordre dans mes vêtements et je suis montée sur le pont. Un regard aux rives de l’île aux déesses, qui se rapprochaient trop vite à mon goût, et j’ai senti des larmes me monter aux yeux. Je ne veux pas y aller…
-Vous voulez que j’y aille avec vous? m’a demandé Cédric, sentant ma détresse.
-Va avec ta femme, lui a dit Dante en posant sa main sur mon épaule. Je vais m’en occuper.
-…
Je n’ai rien dit. Tu peux bien faire ce que tu veux, je m’en fiche. Tout m’est égal.

Je suis retournée à l’intérieur pour chercher mes affaires, me préparant la mort dans l’âme à débarquer du bateau. Quand je suis ressortie, le navire avait accosté. Sans regarder qui que ce soit, je suis descendue et je me suis dirigée vers la maison de Millénia. Je n’ai même pas porté attention à Dante, qui me suivait de près. Quand je suis arrivée devant la porte, j’ai hésité. Ma main sur la poignée s’est mise à trembler. Une main s’est posée sur mon épaule.
-Tu veux que j’entre en premier? m’a demandé Dante.
-…Non.
J’ai tourné la poignée et je suis entrée. Je me suis aussitôt sentie oppressée. J’aurais donné n’importe quoi pour me sauver loin d’ici en courant, mais je ne pouvais pas. Plus je montais les escaliers menant à l’étage, à la chambre de Fiona, et plus mon cœur se serrait et plus je tremblais.
-Je ne dois pas pleurer… Je ne dois pas pleurer…
-Tu peux pleurer si tu veux, m’a dit Dante.
-…
J’ai secoué la tête négativement. Je ne dois pas pleurer, sinon je ne pourrai plus m’arrêter.

Quand j’ai levé les yeux, j’étais arrivée à destination. La main hésitante, tremblante, j’ai ouvert la porte. J’aurais tout donné à cet instant pour faire demi-tour. La première chose que j’ai vue, la seule chose que j’ai vue, ce fut la tache de brûlé par terre, une tache qui formait une petite silhouette, la silhouette d’un enfant. Tout autour, je reconnaissais des choses que je lui avais achetées avant de partir. J’ai laissé tomber mes sacs par terre et je me suis avancée un peu plus dans la pièce. J’étais incapable de détacher mon regard de la tache de brûlé et je sentais les larmes couler sur mes joues. Il faut que je regarde ailleurs… Il faut que je pense à autre chose… L’émeraude! Il faut que je redonne l’émeraude à Dante. En regardant autour de moi, je ne l’ai aperçue nulle part.
-Bon! Je propose qu’on aille chercher l’émeraude! aie-je dit à Dante, avec un peu trop d’enthousiasme.
Il faut absolument que je me change les idées, que je me tienne occupée sinon, je vais craquer. Au lieu de me répondre, Dante a posé sa main sur mon épaule et il m’a fait pivoter face à lui pour ensuite me serrer contre lui. Ce fut trop pour moi. Je me suis accrochée à lui et j’ai éclaté en sanglots. Il n’a rien dit, se contentant de pater et de frotter mon dos. Quand mes jambes se sont dérobées sous moi, il m’a soutenue et m’a doucement déposée sur le sol. J’ai continué de pleurer et je ne semblais plus capable d’arrêter. J’ai enfoncé mes doigts dans ses épaules, le suppliant silencieusement de ne pas me lâcher. Don’t let me go, don’t leave me alone… Please help me…