vendredi 6 mars 2009

Raven 73 : L’art d’être complètement décrissée de la vie

Nous avons traversé le quartier des riches avant d’arriver à destination. Je pense que je n’avais jamais vu autant de luxe de toute ma vie. Spartan m’a aidée à descendre du carrosse. Rourou… J’aurais aimé que le trajet ne se termine pas tout de suite pour que je puisse rester collée sur toi plus longtemps. Quand je suis sortie, on m’a interpelée. C’était Éveliss, qui se trouvait avec le reste du groupe. Quand je lui ai rendu son salut, il a voulu venir me voir, mais un des gardes ne l’a pas laissé faire. Je ne voulais pas qu’il ait des problèmes à cause de moi, alors j’ai voulu régler l’affaire.
-Je reviens, aie-je dit à Spartan.
-Non, m’a-t-il répondu.
Euh… Pourquoi tu ne veux pas que j’aille les voir? Ce sont mes amis.

J’ai ouvert la bouche pour le lui demander, mais la voix de Cédric dans ma tête m’en a distraite. Il m’a dit qu’ils étaient ici pour le combat. Combat? Quel combat? Je vais assister à un combat? C’est pour ça que Spartan m’a emmenée ici? Je m’attendais à un spectacle quelconque, pas à regarder mes amis se battre. Est-ce que je ne devrais pas être avec eux?
-Raven, faites attention, m’a demandé Cédric.
-Faire attention? Pourquoi je devrais faire attention?
-Just watch your back.
-Ok…
(Je ne comprends pas du tout. Pourquoi je devrais faire attention? Spartan est avec moi alors je ne risque rien. Étrange…)
-Tu as l’air troublée, m’a dit Spartan. Ça va?
-Oui, ça va…
-Viens, je vais te guider à nos places.

Il a placé sa main dans mon dos et m’a doucement poussée vers l’intérieur de la bâtisse. J’aurais bien aimé demander quelques précisions à Cédric, mais je n’en ai pas eu le temps. Spartan m’a emmenée jusqu’à une loge hyper luxueuse, que nous partagions avec un certain… Bloten Borduac et son fils. J’ai cru comprendre que c’était lui qui avait engagé Cédric et compagnie à combattre pour lui. S’ils gagnaient, il se ferait beaucoup d’argent.
-Je dois dire monseigneur que votre compagne est éblouissante, a-t-il dit à Spartan. C’est assurément l’un des plus beaux bijoux que j’ai vus ce soir.
-…«Bijou»? aie-je répété tout bas.
-C’est un compliment, m’a murmuré Spartan. Fais semblant d’être contente, même si ce n’est pas le cas.
-D’accord… Merci du compliment.
-Je vous en prie.
(J’avais compris que c’était un compliment, mais je n’ai pas aimé le fait qu’il me compare à un objet. Si ça avait été Spartan, je n’aurais pas eu la même réaction, j’aurais très probablement apprécié, mais lui je ne le connais pas.)

Les combattants semblaient être divisés en deux groupes, ceux qui se battaient pour Bloten et les autres. J’ai vu mon lot de choses bizarres au cours de ma vie, mais ce soir ça a été le summum. Les combattants étaient tous plus étranges les uns que les autres. J’ai vu un postier et un laitier se battre ensemble! Les plus normaux étaient encore Cédric et les autres. J’étais un peu inquiète pour eux, mais comme ils semblaient bien s’en tirer, j’ai arrêté de m’en faire.
-Mais est-ce que je ne devrais pas être en train de me battre avec eux? aie-je demandé à Spartan.
-Je ne suis pas assez fou pour te laisser risquer ta vie, m’a-t-il répondu.
-(Merci, je t’adore) Je suppose… Je n’ai pas mon stock de toute façon…
Juste après, j’ai entendu le bruit de quelque chose qui était déposé derrière ma chaise.
-C’est ton stock, m’a murmuré Mash.
-Merci…
Comme ça, je vais pouvoir être préparée au cas où mes amis auraient besoin de moi.

Ils n’ont cependant pas eu besoin de moi une seule fois. J’ai donc dû me contenter de regarder le spectacle. Mais je ne m’en plaignais pas vraiment. Ça me permettait de passer du temps avec mon rourou.
-Les combats se déroulent mieux que ce que je pensais, m’a-t-il dit. Ils ne devraient pas avoir de difficulté à récupérer la dernière clé. Et nous pourrons finalement être ensemble. Je suis heureux.
-(Rourou) Moi aussi…
J’ai pris sa main et je l’ai regardé avec les yeux remplis de cœur en pixels. Je t’adore, tu le sais ça?
-Je pense que je vais être malade, a dit Mash en nous regardant.
Ben quoi? Quel mal y a-t-il à dire des trucs romantiques? Moi ça me fait tout chaud au cœur, ça ne me donne pas envie d’être malade. Et ça semble aussi être le cas pour mon rourou, alors je ne pourrais pas demander mieux.

J’ai retourné mon attention vers le combat. Nico se battait contre un truc en armure et il a gagné en même pas deux rounds. Le sang a juté partout, ce n’était pas beau du tout à voir. Mais l’adversaire de Nico était toujours vivant : c’était un gnome dans une grande armure vide.
-Intéressant ton ami, m’a dit Spartan, très intéressant…
-Oui, mais moi j’ai surtout remarqué le «sploutch».
-C’est normal que ça fasse ça avec un mobile suit.
-C’était quand même dégueu!
(J’aurais pu terminer mon existence en me passant de cette expérience tout à fait pas constructive, mais au moins Nico a gagné.)
-Tu veux quelque chose à boire? m’a demandé mon rourou. Mash?
-Yes milord?
-Qu’est-ce que tu voudrais? m’a-t-il redemandé.
-Euh…
-Je sais ce qui lui plairait milord, lui a dit Mash. Je reviens.

Quand il est revenu, il tenait dans ses mains un verre de bleurk hysmaladien.
-Ouais! Du bleurk!
Ça fait tellement longtemps que je n’en ai pas bu que je ne m’en rappelais même plus. Je n’ai même pas eu le temps de prendre une gorgée que les paris ont commencé à se faire sur combien de temps jusqu’à ce que le bleurk me mette ko. Je suis immunisée au bleurk, alors ça ne sert à rien que vous pariez. Au moins Spartan ne s’en est pas mêlé. J’ai donc dégusté mon verre de bleurk en le regardant, pleins de sparkles et de cœur en pixels dans les yeux, tout en faisant mine de ne pas entendre les murmures ou les regards des autres personnes dans la loge. Je ne vais ni devenir aveugle et ni mourir, alors trouvez-vous une autre occupation.

Je pensais que Spartan observait le combat, mais il était plutôt en train de me regarder.
-Pourquoi tu n’irais pas porter ça à tes amis? m’a-t-il suggéré en sortant une bouteille contenant un liquide qui semblait bleu. Tu pourras aussi leur dire que le dernier combat va être à trois contre trois.
-Euh, pourquoi c’est bleu?
-C’est du champagne de mage.
-D’accord… Et il n’y aura aucun danger si moi j’en bois?
-Bien sûr que non!
-Ok, je vais y aller alors!
J’ai pris la bouteille et je suis partie vers les quartiers des combattants, Mash sur mes talons, où je suis rapidement tombée sur mes amis. Edward pensais que j’étais peut-être venue me joindre à eux pour les combats. Je suis en longue robe de soirée et je porte des talons hauts. Quel genre de combat veux-tu que j’offre?

Il a ensuite demandé ce que je faisais là. Cédric a dû s’y reprendre à 3 ou 4 reprises pour qu’il comprenne que «elle est avec l’archimage» ne voulait pas dire «elle l’espionne», mais bien «elle est avec lui». Mash, lui, ne s’est pas gêné pour dire que Spartan l’avait envoyé pour les espionner. Euh… Tu espionnes pour Spartan ou tu espionnes Spartan pour eux? Est-ce qu’on peut te faire confiance?

Quand Cédric a vu la bouteille bleue et qu’il a su que ça venait de Spartan, il l’a tout de suite refusée… ce qui n’a pas empêché un des deux elfes tatas de l’ouvrir et de boire. C’était en fin de compte un champagne d’apparence bien ordinaire. Ce n’était que la bouteille qui était bleue. Cédric m’a quand même chargé du même message pour Spartan : ils n’étaient pas du tout intéressés à ce que Spartan soit leur allié et qu’ils ne voulaient rien recevoir qui venait de lui. Mais… Mais…
-Pourquoi? lui aie-je demandé d’une petite voix.
-Si je vous donne des raisons, allez-vous les croire? m’a-t-il demandé.
-…Non, probablement pas…
(Mais pourquoi tu ne veux pas être son allié? Il ne t’a rien fait…)

Les paroles de Cédric m’ont profondément blessée, même si ce n’était pas moi qui étais directement visée. Dieu sait que j’adorais Spartan et je ne comprenais pas du tout pourquoi Cédric ne l’appréciait pas.
-Mais elle, c’est quoi son rôle dans le plan de l’archimage? a demandé Edward à Cédric.
-Aucun. Peut-être qu’il tient vraiment à elle, ou peut-être qu’il s’en sert…
Hey! He does care about me, alright? Pourquoi sembles-tu tenir absolument à lui prêter des intentions malveillantes? Je me sentais de plus en plus mal et j’avais l’impression de ne plus être du tout à ma place. J’ai à peine pris le temps de passer le message de Spartan, comme quoi le dernier combat consisterait en les trois gagnants de chaque équipe, puis je suis partie, le moral complètement à terre. Je ne comprends pas…

Quand j’ai retrouvé Spartan, je devais être dans un piteux état.
-Alors, qu’est-ce qui s’est passé? m’a demandé Spartan.
-Ils complotent contre vous, lui a répondu Mash.
-Je m’en doutais.
-…
(Mais pourquoi ils font ça? Pourquoi…? Pourquoi…?)
-Je te l’avais dit, m’a dit Spartan. Cédric est de mauvaise foi.
-…Je ne comprends pas pourquoi il ne t’aime pas…
(Tu es un homme merveilleux, alors pourquoi qui que ce soit ne t’aimerait pas?)
-Mon visage ne lui revient pas!
-…Sans doute…
Alors c’est pour ça qu’il ne t’aime pas? Parce que tu es la réincarnation de l’archimage? Mais ça ne veut pas dire que tu es comme lui, right? Et tu n’as rien fait à Cédric, alors…

J’ai regardé d’un œil très distrait le restant des combats et j’ai à peine écouté ce que Spartan me disait. C’est presque le temps du dernier combat? Oui, c’est excellent… J’aurais prendre un deuxième verre de bleurk comme Spartan me l’avait offert. Ça m’aurait permis d’oublier tout ça. Je donnerais n’importe quoi en ce moment pour ne pas avoir entendu les paroles de Cédric. Je ne comprends pas… Non, je ne comprends pas du tout…