dimanche 10 février 2008

Raven 54: Indescribable sadness

Nous nous trouvions au banquet et j’étais assise à côté de Mash. Il n’arrêtait pas de gosser après sa nourriture. -Qu’est-ce que tu fais? lui aie-je demandé.
-J’aurais voulu des ailes de poulet. Raven, regarde ailleurs!
Quand il a cru que j’avais le dos tourné, il a muté son poisson en ailes de poulet.
-Tu sais, je sais c’est quoi de la fumée de mage. Je ne suis pas obligée de regarder ailleurs.
-Mais c’est le bruit que fait le poisson : on dirait qu’il crie.
-(Ew) Ok…
Quand il a commencé à manger, j’ai pu remarquer qu’il avait plein de classe (sarcasme). Il n’utilisait même pas sa serviette de table et s’essuyait sur sa chemise. Au secours…

Dans une tentative de me venir en aide (ou de me faire rire), Cédric a muté le linge de Mash, qui s’est retrouvé avec des straps de cuir, un habit de moine, une veste de cuir avec des spikes avant de revenir à la normale. Ça n’a pas aidé Cédric, mais merci, c’était plutôt drôle. Sitôt le souper terminé, tout le monde s’est rendu dans la salle de bal. J’en ai profité pour regarder autour de moi, à la recherche de quelqu’un de particulier. Non, Dante n’était toujours pas revenu. Je m’inquiétais un peu pour lui. Je crois que je vais attendre un peu et j’irai le chercher. Plus tôt on rentrera à l’île et mieux ce sera. J’ai tellement hâte de revoir Fiona. J’ai tant de projets en tête pour elle. J’étais tellement perdue dans mes pensées que j’ai à peine remarqué Mash qui s’approchait de moi.
-Tu veux danser? m’a-t-il demandé.
-…Ok.
-…C’est vrai! Il faut attendre qu’ils ouvrent le bal!
C’est un fait.

En effet, dès que la musique a commencé, Théodore, Lotus, Cédric et Ermalaïonne ont parti le bal.
-Bon, ça fait deux minutes, a dit Mash. On y va?
-Ok!
Pour mon plus grand étonnement, il savait très bien danser. Wow… Ses pouvoirs de mages sont dégueus, il a l’air gai, il couche avec des travestis, mais il sait danser! J’ai dansé une fois avec Cédric, mais j’ai surtout passé du temps avec Mash. Il n’était… pas si pire que ça finalement, mais je n’avais pas vraiment la tête à faire plus ample connaissance avec lui. Alors dès que j’en ai eu l’occasion, je me suis poussée. Mash m’a arrêtée à l’entrée.
-Tu te pousses?
-Euh, oui.
-Si tu te pousses, je viens avec toi. It’s a sissy party!
-(Je ne trouve pas, j’adore) Ok…
Après que nous soyons sortis de la salle de bal, Mash a arraché son tuxedo : son habit de cuir se trouvait en-dessous. Est-ce que tous les mages font ça?
-Laisse-moi cinq minutes, lui aie-je dit. Je vais aller me changer.
Sans crier gare, il a avancé sa main vers moi et il a tiré ma robe vers le bas. Je ne lui ai pas laissé le temps de lorgner ma poitrine. Je lui ai balancé une claque le plus fort que je pouvais et j’ai replacé ma robe.
-T’es malade?!
-Désolé!
-Espèce de malade!
-Désolé! Je pensais que tu avais cette habileté!
-T’es con!
J’étais tellement en colère que je suis allée m’enfermer dans ma chambre. Espèce d’obsédé! Utiliser une excuse poche comme ça pour déshabiller une fille! T’es vraiment tordu! J’ai pris le temps de me calmer un peu et je me suis changée. Si je retombe sur l’obsédé, je jure que je vais le transformer en petit tas de cendre. Heureusement, Mash n’était nulle part en vue. Je suis donc tranquillement partie pour le bar de danseuses où Dante devait se trouver. Je n’ai eu aucun mal à retrouver l’endroit. À l’intérieur, il y avait foule. J’espère que Dante est encore là, parce que je n’ai pas envie de le chercher dans toute la ville. Je n’ai pas eu de difficulté à le repérer (il était au bar, une salope assise à côté de lui), mais je n’ai pas pu me rendre jusqu’à lui tout de suite. Je me suis fait assaillir par des hommes qui ne semblaient jamais avoir vu de filles ailleurs que sur un stage. Et c’était sans compter leurs répliques vraiment poches pour m’intéresser.
-Hé… Je sais faire des sacs en macramé. Ça te dirait de…?
-Non.
-Oh…
Pour l’amour du ciel, voulez-vous me dire c’est quoi cette manie des gens d’avoir des croyances aussi merdiques par rapport aux elfes? Surtout par rapport aux elfes féminins? Nous sommes des femmes comme toutes les autres, vous savez!

J’ai rembarré tous les crétins qui ont osé m’approcher (c’est à croire que le pourcentage d’idiots augmente de 200% dans un bar de danseuses nues) et j’ai rejoint Dante. Je me suis assise à côté de lui. Il avait l’air aussi déprimé et une bonne dizaine de bouteilles étaient empilées devant lui.
-Yo!
-Ah, Raven! Hé salope, casse-toi!
-Pfft!
La fille est partie sans demander son reste. Je n’aurais pas dû rire, parce que ce n’était pas drôle de se faire traiter ainsi, mais pour une fois que ce n’était pas moi.
-Qu’est-ce que tu fais ici? m’a-t-il demandé. Tu n’étais pas au bal?
-Oui, mais je me suis dit que tu voudrais retourner à l’île au plus vite.
-Non, je suis bien ici. Tu devrais retourner au bal! Tu ne cherches pas l’homme de ta vie? Je suis certain qu’il y a pleins de gars bien là-bas!
(C’est possible, mais je n’ai pas envie de magasiner les hommes jusqu’à ce que je trouve le bon. D’ailleurs, je pourrais déjà avoir rencontré le bon. Il va juste falloir que j’attende quelques années avant de pouvoir être avec lui.)
-Peut-être… Mais je me suis dit que tu voudrais retourner à l’île pour récupérer l’émeraude.
-…Non, je suis bien ici.
-(Pourquoi t’as l’air depressed alors?) Ça va?
-Bien sûr! Il y a pleins de filles qui dansent ici! Tantôt, je crois qu’un golem a dansé!
-…Quoi?
-Je crois que c’était un golem! Sinon la fille était très bronzée!
-Ew.

Malgré tout ce qu’il pouvait affirmer, Dante n’avait pas l’air happy de la vie. J’essayais de comprendre ce qui le mettait dans cet état quand mon regard est tombé sur un tas de papiers qui traînaient sur le comptoir juste devant lui. Quand il a vu que mon regard s’y attardait, il s’est empressé de les cacher dans sa poche.
-Tu caches quoi?
-C’est tous les numéros des putes que j’ai réussi à avoir.
-Tu n’es pas obligé de cacher ça! Je m’en fous!
-Mais t’es une elfe…
-(C’est quoi le rapport?)…Tu es sûr que ça va?
-Pourquoi?
-Tu as l’air depressed et tu n’es jamais comme ça.
-C’est parce que j’ai bu… 15 bouteilles!
-(Tu avais l’air déprimé avant!)…Alors, tu ne veux plus récupérer l’émeraude?
-Je vais y aller plus tard. Au pire, je vais y aller en nageant!
-…Ok… Tu es sûr que ça va?
-Oui, oui. Retourne t’amuser!
-En fait, je crois que je vais aller au port pour essayer de trouver un bateau pour retourner à l’île. J’ai très hâte de revoir Fiona!
En entendant ce nom, Dante a eu des glitchs.
-Ça va?
-Mais oui!
-…Alors, si je dis le nom de Fiona, tu n’auras pas de glitchs?
-Non.
-…Fiona.
Il a encore eu des glitchs.
-Fiona.
-Bon! Je vais y aller!
Pourquoi tu as des glitchs? Je comprendrais si tu étais fâché contre elle, pour qu’elle t’ait obligé à me suivre partout, mais là, c’est comme si ça te dérangeait d’en entendre parler, comme si tu te sentais mal à l’aise
-Tu es sûr que ça va?
-Raven, c’est vrai que les elfes n’ont pas de poil là?
(Il pointait mon entrejambe.)
-T’es malade! Je ne vais pas répondre à ça!
-Tu peux juste dire oui, non ou ça dépend des fois.
-T’es pas bien! Je ne répondrai pas à ça!

Je suis partie de mon côté, très en colère. Dante est vraiment trop con! C’est quoi l’idée de me poser ce genre de question? J’ai pris quelques instants pour dépomper. Tout va bien Raven, tout va bien. Respire… Quelques instants plus tard, je me suis calmée et mes pensées sont aussitôt retournées vers les papiers que Dante avait cachés dans sa poche. J’étais très intriguée. Pourquoi donc s’était-il dépêché de cacher ces feuilles de ma vue? J’avais tellement envie de le savoir que presque sans m’en rendre compte, j’ai couru discrètement vers Dante et je lui ai volé les papiers de sa poche. Je l’ai laissé s’éloigner un peu et j’ai déplié les feuilles pour les lire (voir blog de Vini). Plus ma lecture a avancé et plus mon visage s’est figé. Bien avant la fin, je savais que je devais être complètement blanche, une expression horrifiée sur le visage. Mes mains tremblaient et j’avais de la difficulté à tenir deux simples feuilles de papier. Mon cœur se serrait à m’en faire mal et je n’étais presque plus capable de respirer. Non… Non… Ce n’est pas possible… Il doit y avoir une erreur… Fiona ne peut pas être…
-Dante…? Dante…?

Il était rendu beaucoup plus loin, alors j’ai dû courir pour le rattraper. J’ai réussi à mettre la main dessus aux portes du château.
-Dante…
J’ai eu de la misère à reconnaître ma propre voix tant elle était déformée par la douleur.
-Mmmm…?
Dès qu’il a vu les feuilles, il s’est dépêché de les recacher dans sa poche.
-C’est quoi ça? lui aie-je demandé.
-Ce n’est rien! Heureusement pour moi, les elfes ne savent pas lire le langage des hommes!
-…C’est parce que je sais le lire!
-…Oh.
-Je t’en pris… Dis-moi que tu as trop bu.
-J’ai trop bu.
-…
-Ce n’est pas convaincant?
-…Non.
-…
-Je t’en prie… Explique-moi…
-Qu’y a-t-il à expliquer puisque tu as lu?
-…
Il ne m’est même pas venu à l’idée de douter de ce que Dante avait écrit. Pourquoi me mentirait-il à ce sujet? Non… Fiona… est morte… Pourquoi? Pourquoi, est-ce qu’à chaque fois que je m’attache sincèrement à quelqu’un, je finis par le/la perdre? Pourquoi est-ce que mon cœur finit toujours par être brisé? Tout ce que je veux, c’est rencontrer quelqu’un qui m’aimera autant que moi je l’aimerai. C’est vraiment trop demander? L’information s’était rendue jusqu’à mon cerveau et je me retenais maintenant de toute mes forces pour ne pas éclater en sanglots devant Dante.
-Raven, je suis désolé.
(Ne sois pas désolé, ce n’est pas de ta faute)
-…Je crois… que je vais aller prendre un peu d’air frais. Oui… Ça me fera du bien…
Le regard perdu dans le vide, je me suis éloignée du château.
-Tu veux que…?
Il n’a pas fini sa phrase et je ne lui ai pas demandé ce qu’il voulait dire. Oui Dante, je voudrais que quelqu’un, n’importe qui, me prenne dans ses bras et me frotte le dos tout en me disant que je ne suis pas seule et que je peux me reposer sur lui tant que j’en aurai besoin. C’est ce que je voudrais, mais à qui je pourrais le demander? Tout le monde a l’air être occupé ailleurs et la seule personne qui reste, c’est toi Dante. Et il me semble que ça serait… un peu bizarre de te demander ça, non? Je dois par contre avouer que si tu avais fait les premiers pas, je ne t’aurais pas repoussé. J’ai juste besoin de me sentir épaulée, par n’importe qui je m’en fiche.

Je n’avais pas envie de courir après Dante pour avoir un peu de support moral (Il m’aurait répondu quoi de toute façon? J’ai autre chose à faire! Débrouille-toi!), alors j’ai continué à m’enfoncer dans la ville sans aucun but. Je n’ai aucune idée d’où je me suis ramassée. J’ai regardé d’un regard absent les bâtisses autour de moi. La capitale est une belle ville, mais en ce moment, je ne le remarquais pas. J’aurais pu emmener Fiona ici. Je lui aurais montré le port… Je suis certaine qu’il doit y avoir de beaux jardins ici… Nous aurions pu aller y pique-niquer… Et c’est sans compter les séances intenses de magasinage que nous aurions pu faire… Mais là, je ne pourrai rien faire de tout ça. Et rien de tout ce que j’avais prévu pour notre avenir ne se réalisera. J’aurais voulu être une famille avec elle… Et je me retrouve encore toute seule…

J’ai marché jusqu’à ce que je sois épuisée et que mes yeux commencent à se fermer tout seul. Le soleil était couché depuis longtemps quand je suis retournée au château. Je ne sais pas comment j’ai réussi à me rendre jusqu’à ma chambre, tant mes yeux étaient remplis de larmes et m’empêchaient de voir clair. Quand j’ai ouvert ma porte, ce fut pire. Toutes les choses que j’avais achetées pour Fiona étaient empilées au pied de mon lit dans des sacs. Très lentement, je me suis agenouillée par terre et j’ai ouvert les sacs. Il y avait un peu de tout : des vêtements, des livres, des bijoux, des poupées… Je n’étais pas sûre si elle aimerait les poupées, alors j’ai aussi pris des plushies. Bon, ça c’était surtout pour moi, en particulier le nounours rose et fluffy, mais elle aurait peut-être aimé quand même. J’ai ouvert tous les sacs, les larmes coulant silencieusement sur mes joues et quand je suis arrivée au dernier, j’ai su que je ne pourrais pas empêcher le déluge. Il y avait une petite boîte en bois avec des motifs dessus et se fermant avec une clé. Dedans, il y avait des trucs de maquillage et pour les cheveux. Je ne savais pas quelle couleur elle aimait, alors j’avais pris des rubans et des broches de toutes les couleurs. Je m’étais dit que nous aurions pu faire un party pyjama rien que nous deux. Nous aurions mangé des cochonneries, nous nous serions amusées à nous maquiller et à nous jouer dans les cheveux. Et nous aurions surtout pu parler : elle m’en aurait dit un peu plus sur elle-même et j’aurais pu lui raconter tout ce qui s’était passé depuis mon départ. Mais je ne pourrai jamais faire ça. Elle est partie… Et je n’ai même pas pu lui dire au revoir… Ni lui dire que je l’aimais… J’ai serré la boîte contre moi et je me suis mise à pleurer, sans plus pouvoir m’arrêter. J’ai dû pleurer pendant des heures. C’était comme si toutes les larmes que j’avais accumulées depuis des mois sortaient enfin. Je pleurais pour Spartan, pour Fiona et pour tous ceux que j’avais aimés et que j’avais perdus.


Quand j’ai finalement arrêté de pleurer, j’étais couchée en petite boule par terre, serrant toujours la boîte contre moi. J’ai levé les yeux vers la fenêtre : il faisait clair dehors. J’avais donc pleuré toute la nuit. Mes yeux étaient rouges, ma gorge me faisait mal et mon cœur se serrait toujours autant. Je n’avais plus la force de pleurer, alors je suis restée couchée, les yeux fixant le vide. J’ai mal…

Toc, toc.

-…Quoi?
-C’est Cédric.
-…Qu’est-ce que tu veux?
-Je peux entrer? Ou vous préférez que je parle à travers la porte?
-…
Cédric est trop gentil pour que je le fasse poiroter de l’autre côté de la porte. Je me suis donc levée et après avoir étiré mes muscles endoloris, je suis allée lui ouvrir.
-Quoi?
(Désolée si j’ai l’air bête, mais je n’ai pas envie de voir qui que ce soit en ce moment.)
-J’ai parlé à Edward hier soir et j’ai pensé que vous voudriez peut-être savoir.
-…Ok…
-Vous voulez aller dehors?
-…Ok.
Ici ou dehors, quelle importance? Mais un peu d’air me fera du bien.

Dans le jardin, il y avait toujours l’énorme cratère créé par la boule de feu. Le regarder me mettait tout à l’envers, parce qu’il me rappelait que Fiona était morte pour l’arrêter. Une rangée d’arbres semblait avoir été décapitée par un énorme marteau, qui traînait toujours par terre et selon l’inscription qu’il y avait dessus, il avait été construit spécialement pour faire mal aux hommes. Ok… Quelqu’un a un petit problème dans sa tête ce matin… Cédric m’a raconté sa conversation avec Edward. Ce dernier s’est ramassé je ne sais pas comment à côté de la base de Xélotha et il voulait qu’on le rejoigne au p.c. Et c’est où cette base?
-Dans une île au sud, m’a répondu Cédric.
-Excellent! On part quand?
-Ok…
Cédric a semblé plutôt étonné de mon soudain changement d’humeur. Aller sur l’île au sud, là où Spartan se trouve, c’est exactement ce dont j’ai besoin. Je sais que je ne me retrouverai pas en face de celui que j’ai connu, mais j’ai très envie de le voir. Il me manque beaucoup.

Cédric a ensuite dit qu’il fallait le dire à tout le monde.
-Ok. Mais pas question que je le dise à Kazumi!
-C’est vrai. Vous n’êtes pas très bonnes amies toutes les deux…
-Non.
-Puis-je demander pourquoi?
-…
Je lui ai résumé très rapidement la situation, comment Kazumi avait tué Spartan.
-Ce n’était pas sa faute, m’a-t-il dit.
-Quoi? Alors ce n’est pas grave, le nombre de personne qu’elle tue?!
-Elle était possédée.
-Je m’en fous! Je veux juste qu’elle souffre!
-Vous aussi, vous avez tué des gens quand vous étiez possédée par Kira.
-Euh…
-Il faut trouver un moyen de la débarrasser de ça, et de vous débarrasser du gant aussi.
-…
Pour Kazumi, je crois que c’est déjà fait, mais moi, ça risque d’être un peu plus difficile. Je suis une bombe à retardement ambulante.
-Vous savez, le fait d’être allés dans le futur empêchera que ça se reproduise. Vous comprenez?
-…Non. C’est quand même arrivé!
-Mais d’y être allés, d’avoir vu ce qui s’est passé, empêchera que ça arrive.
(Alors d’avoir vu un futur alternatif et d’être revenu dans le présent en sachant ce qui s’est passé nous empêchera, par nos actions, que ce futur alternatif se reproduise dans le futur qui s’en vient? Je ne comprends rien aux voyages temporels.)
-Ok…

Je ne peux pas dire que j’allais serrer Kazumi dans mes bras la prochaine fois que je la verrais, mais Cédric avait trouvé les mots justes pour faire diminuer ma colère. J’en voulais toujours à Kazumi, mais pas au point de vouloir la tuer. Si au moins elle s’était excusée, mais pas un mot. Tout le monde agit comme si tout allait bien et qu’il ne s’était rien passé et c’est ça que je ne peux pas supporter. Ça me fait maintenant un problème de semi-réglé. Maintenant, je pouvais me concentrer à détester seulement Kira et En. Mais ça ne m’aide pas à me sentir mieux.

-Je suis au courant, m’a dit Cédric.
-De quoi?
-Dante.
-Oh…
Alors Dante lui a dit ce qui s’était passé? Je ne vois pas pourquoi, je n’ai pas envie d’en parler à qui que ce soit. Cédric l’a compris et sans dire un mot, il m’a serrée dans ses bras. J’ai tellement besoin d’affection que j’ai tout de suite répondu à son étreinte. Ça fait du bien de me reposer sur quelqu’un.
-Vous pouvez pleurer, vous savez?
-J’ai déjà pleuré.
Et maintenant, je n’ai plus la force de le faire. Je suis complètement à bout.
-Vous en avez parlé à quelqu’un?
-À qui j’aurais pu en parler? Je suis toute seule!
-Ce n’est pas vrai. Vous avez des gens qui vous aiment autour de vous, des amis.
-Ce n’est pas la même chose! Toi, tu as Ermalaïonne, Théodore a Lotus… Moi, je n’ai personne.
-Vous n’êtes quand même pas toute seule. Vous auriez pu venir me voir.
-Pour faire quoi? «Toc, toc! Cédric, c’est ta nuit de noce, mais je dois te parler!»?
-Pourquoi pas? Edward l’a bien fait lui!
-Euh, non! J’ai plus de classe que ça!

-Je voudrais que vous me fassiez une promesse.
-Quelle promesse?
-Si vous avez besoin de parler, vous irez voir quelqu’un.
Il avait l’air d’y tenir tellement que je lui ai promis.
-Et si vous manquez à votre promesse, je vais me fâcher. Je suis evil, vous savez?
-…Toi, evil?
-Mais bien sûr que je suis evil!
-…
J’ai tenté de faire dans ma tête par tous les moyens possibles une association entre Cédric et le mot evil, mais je trouvais ça tellement improbable que j’ai éclaté de rire.
-Vous voyez? J’ai réussi à vous faire rire! Mon plan machiavélique a marché!
-…Va donc rejoindre ta femme! Je vais aller prévenir les autres.

Nous sommes donc partis chacun de notre côté. Merci Cédric. Des amis evil comme toi, je voudrais en avoir plus. Je suis retournée dans le château, à la recherche de n’importe qui du groupe. Je suis tombée en premier sur Dante. Quand il m’a aperçue, il s’est arrêté. Un malaise s’est installé entre nous.
-…Salut, lui aie-je dit.
-Salut.
-Écoute… On s’en va sur une île très au sud, mais on retourne à l’île avant. Si jamais tu veux venir…
-Ok… Tu vas faire quoi pour moi?
-Comment ça, je vais faire quoi pour toi?
-Ce n’était pas écrit ça?
-…Non.
-Comme Fiona s’est sacrifiée pour toi, c’est toi le nouveau maître de l’émeraude.
-…Je m’en fous, je n’en veux pas! Je vais te la redonner!
-Cool.
Contrairement à ce que la voix off ma soufflé, je n’avais aucune envie de faire faire pleins de trucs evil à Dante avec l’émeraude. Je suis bien placée pour savoir que c’est très désagréable de se faire contrôler, alors pas question que j’impose ce châtiment à qui que ce soit, même à Dante. Je crois que je lui en voudrai toujours pour tout ce qu’il m’a fait, mais beaucoup d’eau a passé sous les ponts. Ça n’a plus aucune importance aujourd’hui.
-Tu veux m’aider à chercher les autres? lui aie-je demandé.
-Ok.

Nous n’avons pas eu le temps d’amorcer nos recherches que la porte du château s’est ouverte. C’était En et quelques uns de ses suiveux. Je n’ai pas vu le cadavre, heureusement. Elle aussi, je la déteste, et la tapocher me ferait le plus grand bien. Grumish, le grand… quelque chose, traînait sur ses épaules l’armure du fantôme.
-Euh… Ce n’est pas une armure vide?
Un rapide coup d’œil m’a permis de constater que l’elfe était toujours dedans et qu’il était vivant.
-Je peux le tabasser?
-Bien sûr! m’a répondu En. Après qu’on l’ait brainwashé.
-…Quoi?
-Il va venir avec vous.
-Euh… Ce n’est pas une bonne idée.
-Je sais!
-Tu es au courant que je vais essayer de le tuer à peu près cinq minutes après qu’on soit partis? Ce n’est pas une bonne idée.
-Je sais, mais vous allez avoir besoin de tous les bons combattants possible.
-…
Bad idea. Bad idea.

Comme à chaque fois que des situations semblables se produisent, tout le monde s’est retrouvé par magie dans le hall et pendant qu’En descendait dans son laboratoire avec Nico pour l’aider, la situation a pu être éclaircie. Non, Edward n’a pas été noyé par Lotus (?). Comment il s’est retrouvé sur l’île du sud, personne ne le sait, mais il faut qu’on aille le retrouver. Un petit détour à l’île aux déesses sera fait, pour demander à Millénia de nous téléporter sur l’île en question. Moi, ça me permettrait de faire mes adieux à Fiona et de redonner l’émeraude à Dante. Ce dernier ne s’est pas gêné pour faire savoir à tout le monde que sitôt qu’il aurait l’émeraude, il se pousserait loin de nous. Si c’est ce que tu veux. Out ce qu’il nous restait à faire maintenant, c’était d’attendre l’arrivée du capitaine Jack pour qu’il nous ramène à l’île. N’ayant pas grand-chose à faire pour le moment, Dante m’a proposé d’aller tabasser l’elfe qu’en avait emmené. Je n’y ai vu aucun problème. C’est à cause de ce salaud que Fiona est morte, alors je vais me faire un plaisir de le faire souffrir! Cédric n’était pas trop d’accord pour que nous y allions, mais nous n’avons pas eu le temps d’en débattre. Une violente secousse a fait trembler tout le château et ça semblait venir du sous-sol, là où il y avait le laboratoire d’En. Mais qu’est-ce qu’ils fabriquent?
Ouf! J'ai finalement fini! Vive Butterfly Boy! Et vivement le retour à l'île aux déesses! Beaucoup d'émotions en perspective!!

mercredi 6 février 2008

Raven 53: I’m worried about him

La situation ne s’améliorait pas pour moi. Ma peau était devenue si rouge que je devais avoir l’air d’un homard. En plus, des veines noires montaient de mon gant jusqu’à mon épaule. J’avais chaud, j’avais mal et je commençais à ressembler à un homard ébouriffé! Tout allait bien!♫ Sérieusement, j’étais très inquiète. La douleur était quasi-insupportable et je ne pouvais plus bouger tant la pression était élevée. J’imaginais que les autres devaient encore être en train d’essayer de trouver un moyen de m’aider, mais je ne les entendais plus. Tout ce que j’entendais, c’était le bruit du feu qui crépitait tout autour de moi. Pitié, quelqu’un… Je ne veux pas mourir…

Au moment où je faisais mes prières, j’ai cru apercevoir quelque chose entrer à l’intérieur de la boule de feu. Ça avait l’air d’un bras mauve. J’aurais bien voulu l’aider à entrer, mais comme j’ai déjà dit, la pression et la douleur me maintenaient au sol. Une silhouette de flammes mauves a fini par apparaître et s’avancer vers moi.
-Huh?
Est-ce que je suis vraiment en train de voir ça ou c’est la souffrance qui me fait halluciner? Dans un cas comme dans l’autre, tout ce qui je voulais, c’était que ça cesse. J’en avais assez de tuer des gens qui ne m’avaient rien fait. C’était peut-être des mages, mais c’était des êtres vivants. J’ai tué tant de gens à cause de ce foutu gant. J’aimerais retourner en arrière et ne jamais être allée le voler, mais je ne peux pas. Même si je le pouvais, je ne le ferais pas. Ne pas avoir volé le gant, ne pas avoir été cursée, serait tirer un trait sur tout ce qui est arrivé. Ça voudrait dire que je n’aurais jamais rencontré tout le monde, Spartan en particulier. God, I miss him. If I survive, ten years is going to be so long to wait. Hey! Do you think I could hibernate for ten years? Probably not.

Même si j’étais en train de penser comme si j’étais morte, il n’y a rien que je ne désirais moins au monde. J’avais beaucoup trop à perdre. La forme mauve a exaucé mes prières. Il (ça avait l’air d’un homme) s’est penché vers moi et il a commencé à tirer sur ce qui m’avait piqué le cou.
-Ow… Ow!
Ça faisait très mal, comme s’il m’arrachait très lentement un couteau qui était enfoncé dans ma chair. Le supplice a éventuellement pris fin et je me suis rendue compte qu’il s’agissait du morceau de mon gant qui manquait. La boule de feu s’est dissipée et la forme de flammes mauves est redevenue normale. C’était Dante. Je ne sais pas pourquoi ni comment il est entré, mais je lui dois la vie. Il va falloir que je le remercie.

Mais pour l’instant, j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Je me suis laissé tomber par terre et j’ai repris mon souffle. J’avais toujours mal, mais la joie que je ressentais d’être en vie la diminuait un peu. J’étais vivante et ça, ça voulait dire que j’avais une chance de revoir Spartan. J’avais aussi peur, parce que j’étais vraiment passée près de mourir, menaçant d’emporter tout le monde avec moi. J’espère que personne du groupe ne m’en voudra. Ils en auraient le droit (je me sens moi-même coupable), mais je ne voudrais pas qu’ils se fâchent et me disent de partir. Je ne voudrais pas me retrouver seule à nouveau. La plupart du temps nous sommes occupés à essayer de sauver le monde d’une entité evil et nous n’avons donc pas le temps de faire du social, mais même si je ne les connais pas autant que je le voudrais, ils sont mes amis et ma famille.

En tout cas, il y a au moins une personne qui ne m’en veut pas. Cédric s’est pitché sur moi et il m’a prise dans ses bras pour me healer. Mais la seule chose qu’il a réussi à faire, c’est faire éclater ses veines; il avait les mains dans un sale état. Moi, j’avais toujours l’air d’un homard ébouriffé. Désolée pour tes mains Cédric, mais je ne peux rien faire pour t’aider. Je t’aime beaucoup et je te suis très reconnaissante de te préoccuper de moi, mais pas au point de faire… certaines choses pour t’aider à évacuer ta tension. Il n’y a qu’un seul mage pour qui je ferais une telle chose… Et ce n’est certainement pas celui qui s’avance ver moi en ce moment.
En venait en effet vers nous. Il a dit qu’il avait réussi à faire patienter les invités en leur chantant quelque chose et en jouant du piano. Pitié. Je ne veux pas entendre En chanter. Achevez-moi quelqu’un. Il tenait aussi absolument à ce que le mariage se fasse, parce qu’il ne voulait pas être allé faire du shopping avec Théodore pour rien. Du shopping? En a fait du shopping avec Théodore? J’ai changé d’idée, je ne veux plus vivre! En qui chante, joue du piano et fait du shopping c’est un peu trop pour moi! Mais avant que la cérémonie puisse se dérouler, il fallait d’abord attraper le «fantôme». Comme Cédric ne pouvait plus utiliser sa fumée, il lui a tapé ses épées aux mains pour qu’il puisse se battre. Il s’est ensuite tourné vers moi. Il semblait plutôt étonné.
-Je ne comprends pas, a-t-il dit. Ma curse ne faisait pas ça… Hé! Qui t’a enlevé ta curse?
Il venait de remarquer que je n’avais plus ma marque de curse.
-Euh, lui aie-je répondu d’une voix enrouée.
(Voir que je vais te le dire!)
-Ses cordes vocales ont été brûlées, a conclu En.
-Zut. Je ne vais pas pouvoir te répondre! lui aie-je répondu.
(Je ne l’aurais pas fait en temps normal anyway!)

-Cédric, regarde ailleurs, a-t-il demandé à son fils.
-…Quoi?
-Allez… Regarde ailleurs…
Je ne sais pas si Cédric l’a fait, car j’étais focusée sur En. Il veut faire quoi au juste? Non, il veut me faire quoi au juste? Je l’ai finalement vu enlever son masque et il m’a embrassée. Quoi?? Non! Je proteste! Je ne veux pas me faire frencher par En! Au secours. En plus, je sentais quelque chose descendre dans ma gorge, un peu comme quand Spartan m’avait embrassée pour me décurser. Sauf que ça avait été beaucoup plus agréable de me faire embrasser par lui que par En! Quand En m’a lâchée, j’avais légèrement envie de mourir. Je me suis faite embrasser par En. Pourquoi moi? Le seul point positif dans tout ça, c’était que ma peau reprenait une teinte normale et mes cheveux redevenaient longs et soyeux. Points négatifs : j’étais toute nue dans les bras d’un de mes amis et son père (que je n’aime pas particulièrement) me regardait avec insistance. Je sais bien que tout ce qui l’intéressait c’était de savoir qui m’avait décursée, mais je n’aimais pas particulièrement la situation. J’ai essayé de me cacher du mieux que je pouvais avec mes bras, mais heureusement, Cédric m’a prêté sa veste pour que je me couvre un peu.

Je me suis remise sur mes pieds pour la mettre et En m’a tendue une robe, pour remplacer celle que j’avais perdu. Je n’avais pas envie d’accepter quoi que ce soit venant de lui, mais tant qu’à rester toute nue! Je me suis cachée derrière Cédric et je me suis habillée. Il fallait maintenant que je trouve un moyen d’échapper à En, qui semblait vraiment déterminé à découvrir qui avait enlevé ma curse. Même si Cédric n’avait pas été là, je ne me serais pas gênée pour partir sans lui avoir répondu quoi que ce soit. Le temps où j’avais peur de lui était révolu.
-Mais il fut un temps où tu avais peur de moi Raven, m’a dit En, en reprenant son regard qui m’avait effrayée pendant tant d’années.
-(Muuu) Mais ça c’était avant que j’apprenne que tu chantais, jouais du piano et… faisais du shopping.
-On n’est pas obligé d’être tout evil!
(Alors même les bad guys ont des passe-temps comme le commun des mortels? Moi qui pensais qu’ils s’amusaient seulement à détruire le monde!)

Cédric m’a fourni le prétexte parfait pour m’en aller. Il s’inquiétait pour Ermalaïonne et voulait partir à sa recherche. Je lui ai tout naturellement proposé de l’aider et nous sommes partis en courant avant qu’En ne puisse nous retenir.
-Merci, m’a dit Cédric pendant que nous courrions.
-Ça me fait plaisir! N’importe quoi pour ne pas avoir à répondre à la question de ton père!
-Qui était?
-Qui m’a décursée.
-C’est une excellente question en effet.
-Oui, mais je ne veux pas lui répondre… Mais ça ne me dérangerait pas de te le dire à toi.
-…D’accord.
Il a paru assez étonné que je sois prête à lui faire une telle confidence. Quoi? Je sais que tu n’iras pas le répéter à tout le monde et plus important, tu ne risques pas d’aller t’en prendre à Spartan. Ça, c’est tout ce qui compte pour moi. S’il devait mourir à nouveau, ça me briserait le cœur définitivement.

Nous nous sommes promenés un peu partout et j’en ai profité pour récupérer mes affaires. Si nous tombions sur le «fantôme», j’aurais besoin de mon arbalète. D’une fenêtre, nous avons vu Caliane qui était en bien mauvaise posture. J’ai à peine eu le temps de tirer un carreau pour l’épingler au mur. Sinon, elle aurait fait un vol plané jusqu’au sol et elle se serait transformée en crêpe. J’ai laissé Cédric et je suis allée grimper sur ce mur pour la décrocher. Je l’ai ensuite ramenée sur la terre ferme. Dieu merci elle n’avait rien. Au moins j’ai réussi à la sauver cette fois-ci.
-Retourne à l’intérieur Caliane! lui aie-je demandé.
-Oui!
Elle n’est pas une idiote, alors je me suis dit qu’elle devait être consciente du danger et que je pouvais lui faire confiance. Je suis donc allée rejoindre Cédric et les autres pour les aider à battre le fantôme.


À force d’attaques, nous avons fini par faire apparaître une silhouette complètement recouverte par une armure. Je ne sais pas qui est ce type et je m’en fous, mais pas question qu’il parte d’ici! Je veux savoir pourquoi il m’a attaquée de cette façon! Et aussi le tabasser un peu beaucoup. J’ai réussi à lui faire un peu de dommages, mais c’est quelqu’un d’autre qui a réussi à lui arracher une petite partie de son casque. Nous avons pu voir une oreille pointue. Quoi? C’est un elfe? Quessé ça? Un elfe n’est pas censé faire des trucs evil! Et encore moins des trucs evil à un autre elfe!

Le fantôme/elfe evil a fini par prendre le bord et il est tombé du toit. Tiens mon criss! Ça va t’apprendre à me tirer dessus! Nous sommes tous descendus en bas pour jeter un coup d’œil sous le casque et découvrir l’identité de ce fantôme. J’espère pour lui qu’il est mort, parce que s’il ne l’est pas, je vais l’achever c’est certain! Malheureusement, il n’y avait plus rien en bas à part une armure vide. Nico a eu la brillante idée de mettre le casque sur sa tête. Quelque chose l’a piqué dans le cou. Cédric a voulu lui enlever le casque, mais il semblait bien ancré dans la chair de Nico. Ce dernier a réussi par lui-même à l’enlever, grâce à ses pouvoirs de psychique. Il nous a dit que quand il avait le casque sur la tête, il pouvait voir les stats (ex : force, dex) de chaque personne. C’est vraiment pratique comme truc, mais c’était vraiment très cave ce que tu as fait Nico. Il ne faut pas s’amuser avec des objets dont on ne connaît pas les propriétés.

Les problèmes semblant avoir disparu et Lotus étant de retour de dieu sait où, la cérémonie pouvait reprendre. Tout le monde est donc reparti vers le château pour se préparer. Moi, je me suis plutôt dirigée vers les jardins pour voir ce que faisait Dante. Il ne m’avait pas suivie lorsque j’étais partie me battre. Je trouvais ça bizarre, mais tant mieux pour lui. Je sais que ça ne lui plaisait pas du tout d’être obligé de me suivre partout. Ce que je voulais surtout, c’était le remercier de m’.avoir sauvé la vie. Je ne l’aimais peut-être plus, mais beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts. Il méritait bien que je le remercie.

Il se trouvait exactement au même endroit où je l’avais vu la dernière fois, les pieds accotés sur un arbre. Il semblait totalement perdu dans ses pensées et si je ne m’étais pas agenouillée devant lui en lui faisant signe, il ne m’aurait pas remarquée.
-Dante?
-Mmmm…?
-Je voulais te remercier de m’avoir sauvé la vie.
-Qu’est-ce qu’un homme ne ferait pas pour une jolie elfe?
(…Quoi? Il vient de dire que je suis une jolie elfe? Autrefois, je lui aurais sans doute répondu «T’es donc bien gentil! Merci du compliment!», en rougissant. Aujourd’hui, c’est plutôt…)
-…Huh? Est-ce que ça va? Tu es malade?
-Ça doit être ça.
En fait, il n’avait pas l’air malade, mais vraiment depressed. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Sûr de lui à l’extrême, en colère et en de rares occasions, attentionné envers moi, mais jamais déprimé.
-Tu es sûr? aie-je insisté.
-Qu’est-ce que ça peut te faire? Je pensais que tu t’en foutais!
-Tu m’as sauvé la vie, alors…
(Comment dire… Je m’inquiète pour toi. Tu m’as sauvée et là, tu n’as pas l’air de te sentir bien. Je ne suis pas ingrate au point de m’en foutre.)
-C’est comme elle a dit… Je devais te sauver… Quelque soit le prix…
-…

Et de quel prix tu parles? Le seul que je vois, c’est que tu n’es plus obligé de me suivre. Ça ne devrait pas te rendre heureux? Là, tu as plutôt l’air de t’être fait annoncer qu’il ne te reste plus que quelques jours à vivre.
-Elle t’admire beaucoup, tu sais? m’a-t-il dit.
-Pour vrai?
(Je me suis retenue pour ne pas sauter de joie. Fiona m’admire? Yééé! Happy!♫)
-Écoute Raven, tu ne me croiras sans doute pas, mais je suis désolé. Je suis vraiment désolé pour tout.
-…Comment tu peux être désolé? Tu es désolé de choses dont tu ne te souviens pas?
-…C’est ça. Et si je pouvais retourner en arrière et faire que je n’avais jamais existé, je le ferais.
J’ai mis ma main sur son front pour vérifier s’il faisait de la fièvre. Il n’en faisait pas.
-Tu es malade? lui aie-je redemandé.
-Non, ça va.
-Ils vont recommencer le mariage. Tu viens?
-Non. Mais tu devrais y aller avec Mash. Amuse-toi : danse, fait des sacs en macramé… Fait des trucs d’elfe!
-Je ne fais pas de sacs en macramé! Et je ne danse pas non plus toute nue à la pleine lune!
-Tu diras aux mariés que je leur souhaite… En fait, ne leur dit rien. Je m’en fous!
-…Ok.
(Ça c’est plus le Dante que je connais.)
-Moi je vais aller au bar de danseuses que j’ai manqué. Je ne sais pas à quoi ça ressemble une femme nue!
-…Ok… Bonne chance!

Il parti sans un regard en arrière. Quelque chose le tracassait, mais il ne désirait pas en parler. Je ne pouvais donc rien faire à part aller assister au mariage. Je suis allée me refaire une beauté dans ma chambre et j’ai rejoint tout le monde dans la salle où se déroulait la cérémonie. Ça a été très émouvant. Les deux mariées étaient superbes (Lotus avait une robe pleine de bling-bling, qui était presque aveuglante) et les mariés semblaient aux anges d’épouser enfin les élues de leurs cœurs. Il y a juste le type qui présidait la cérémonie qui était… un peu bizarre, mais tout le reste a été parfait. La cérémonie s’est donc conclue sans aucune autre attaque. J’étais très heureuse pour les deux couples, mais j’ai passé une bonne partie du mariage, préoccupée, à regarder à côté de moi, là où Dante aurait dû se trouver. Après tout ce qu’il m’avait fait endurer dans le passé, je ne devrais pas m’inquiéter pour lui, mais quelque chose n’allait pas. Pour qu’il me dise que j’étais jolie et qu’il était désolé, ça devait être grave. Et je n’aimais pas que les gens autour de moi se sentent depressed. Après ce que Dante avait fait, ça l’incluait dans le groupe. Il devrait être heureux, mais il est plutôt triste. Ce n’est pas normal. I’m… I’m worried about him. Not out of love, just out of concern. He’s not feeling well and I feel like I have something to do with it. I’ll go to the party and try to have some fun, but then I’ll go find him and find out what bothers him. When we will have dealt with it, we can try to find a ship that will take us back to the island. He’ll get his emerald back and I’ll see Fiona again. I can’t wait to hold her and tell her that I love her. I really miss her. If she cares about me as much as I care about her, maybe she’ll want me to take care of her? Maybe, thanks to her, I’ll finally have the family I always wanted...?